Riff Reb’s :«L’énergie du rock m’est utile pour dessiner»


Depuis plus de trente ans, Riff Reb’s répond avec plaisir aux nombreuses sollicitations de musiciens ou de salles de concert. «Rockbook» témoigne de cette activité réalisée en marge de son travail d’auteur de bande dessinée. Dans ce beau livre au format 78 tours, Mozart porte un badge des Clash et AC/DC fonce vers l’enfer au volant d’une Ford Mustang.

«Rockbook» compile environ trente ans d’illustrations sur le rock. Comment est née l’idée de ce livre?
Riff Reb’s. L’idée est tout simplement venue devant l’accumulation d’images réalisées au service du rock’n roll et totalement inédites en livre. La plupart des illustrations ont été aussi éphémères qu’un concert et c’est bien qu‘elles soient maintenant fixées dans un beau livre.




En introduction du premier chapitre, vous expliquez que vous n’avez jamais gagné votre vie en illustrant de la musique. Tous ces dessins ont donc été réalisés par pur plaisir. Ça change quoi dans votre dessin ou dans votre processus de création?

R.R.
Je veux juste dire qu’il n’y pas d’argent pour la plupart des musiciens donc vous pouvez imaginer ce qu’il reste pour un illustrateur de musique. Bien sûr, j’ai eu du plaisir à les faire et elles ont toutes été utiles : affiches, pochettes de disque… C’est ma contribution au service des acouphènes (sourire).

Cela veut aussi dire que vous aimiez la musique de tous les groupes que vous avez dessinés ? Est-ce que vous vous êtes rendu compte que certains de vos groupes favoris manquaient à l’appel?
R.R.
Non, justement, je n’ai pas cherché à dessiner mes groupes favoris et donc, de ce point de vue, il en manque beaucoup. J’ai répondu aux sollicitations. « Riff, on va sortir un disque, est-ce que tu nous ferais la pochette ? » « Je vais faire venir tel groupe dans ma salle, tu me ferais l’affiche ? « Riff, je vais faire un livre sur les Beatles, tu veux faire les illustrations ? » C’est plutôt comme ça que ça s’est passé. Bien sûr, dans ce livre, on trouve quand même des formations que j’adore.

Ce livre montre une grande variété de styles et de techniques. Est-ce que ces illustrations ont été une source d’expérimentation?

R.R.
C’est tout simplement dû au fait que toutes ces images s’étalent sur plus de trente ans. Mon style a évolué. Dans la mesure où je suis assez libre, je peux aussi effectivement expérimenter, ce que je n’ai pas nécessairement le temps de faire sur mon activité principale à savoir les bandes dessinées.

Est-ce difficile de reproduire l’énergie d’un groupe en concert?

R.R. L’énergie de cette musique m’est utile quand je dessine de toute façon, alors essayer de la restituer quand j’illustre spécifiquement du rock est dans la logique des choses.

Vous avez illustré plusieurs pochettes de disque. Quelles sont les particularités de cet exercice?

R.R. Je trouve que c’est l’exercice le plus difficile. Déjà parce que les musiciens ont beaucoup de mal à verbaliser leurs envies. Ensuite, la musique quelle qu’elle soit est impalpable. Une image n’a pas de son ! C’est donc une gageure. Il faut trouver une certaine distance et plus ou moins d’onirisme pour être davantage dans l’évocation que dans l’illustration directe.

Vous n’avez jamais eu l’envie ou l’opportunité de dessiner un album centré sur le rock?

R.R. Non, on m’a sollicité pour du rock en BD mais ce qu’il faut pour une bonne bande dessinée, c’est un bon scénario. Un biopic ne me tente pas, je suis un auteur de fiction. L’histoire d’un groupe et les conneries faites dans les loges ou les hôtels sont un temps amusantes à vivre mais ç’est un peu toujours la même histoire quelle que soit la notoriété du groupe et cela ne mérite pas nécessairement d’être dessiné. Enfin, une histoire de musique sans le son, je trouve ça absurde !

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne
(sur Twitter)

«Rockbook» par Riff Reb’s. Oxymore éditions. 34,95 euros.

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