Olivier Supiot: «Jouer avec les codes du western»

«Les cowboys sont toujours à l’Ouest». Le titre du nouvel album de Damien Geffroy et Olivier Supiot donne immédiatement le ton et l’ambiance de cette drôle de collection d’histoires courtes surprenantes ou déjantées.

Quel a été le déclic qui vous a donné envie d’écrire ces histoires dans l’univers du western?
Olivier Supiot. Je voulais depuis longtemps me frotter à l’univers du western. Il est propice à de nombreuses histoires et c’est un réservoir à personnages. L’histoire de l’Ouest américain est riche et inépuisable, alors quand, avec Damien Geffroy, on a commencé à réfléchir à un nouveau projet d’album après «Taj le survivant», on a eu des envies de grandes plaines, de chevauchées sauvages et de cowboys à la gâchette facile ! Merci à la «Team» Fluide Glacial pour leur confiance, c’est une grande chance de pouvoir être à la fois publié dans le magazine et en album.


L’idée était de tordre le mythe du cowboy?
O.S.
On avait envie de s’amuser et de raconter des histoires décalées. Un mélange d’absurde, d’humour et d’aventures. Pas forcément de tordre le mythe du cowboy, mais plutôt de jouer avec les codes du western. Des histoires où le héros n’est pas toujours celui que l’on croit, où l’on peut faire passer les petits travers si humains en acte d’héroïsme ou de pure lâcheté, et il y a de quoi faire.


Vous ne pouviez pas trouver de meilleur titre que «Les cowboys sont toujours à l’Ouest». Il s’est imposé rapidement?
O.S.
Pas forcément tout de suite, mais je trouvais le double sens de ce titre intéressant et évocateur. La couverture renforce cette idée. Il ressemble à notre album, décalé, un peu étrange et surtout avec des morceaux de plombs et d’humour, du moins je l’espère …


Comme pour «Taj le survivant», vous avez travaillé avec le dessinateur Damien Geoffroy. C’était une évidence pour vous?
O.S.
J’aime beaucoup le dessin de Damien. Il me donne envie de raconter des histoires. C’est toujours un réel plaisir de redécouvrir mes scenarii à travers ses dessins. Il a cette pointe de réalisme dans son trait et en même temps quelque chose de comique. J’ai beaucoup aimé comment il a su retranscrire les paysages si particuliers des grandes plaines de l’Ouest américain ou des déserts arides qui hantent l’imaginaire collectif lorsque l’on pense au western. On a appris à travailler ensemble et à se connaitre sur «Taj le survivant». C’est plus simple. Cela nous permet d’aller à l’essentiel et de prendre du plaisir avec nos personnages et leurs aventures. C’est cool de travailler avec lui.


Contrairement à beaucoup d’auteurs qui privilégient les gags en six cases, vous développez votre histoire sur trois ou quatre pages…
O.S.
Notre album «Les cowboys sont toujours à l’Ouest» n’est pas vraiment un album à gags. Il raconte avant tout une histoire principale et toute une série de récits courts correspondant à des épisodes avec une fin propre. Pour moi, cela ressemblerait plus à une série de nouvelles avec un narrateur maître de cérémonie.


C’est important d’avoir davantage de temps pour construire votre récit?
O.S.
Avec quelques pages, on peut à chaque nouveau récit découvrir une ambiance et un ton différent. On peut surtout prendre le temps avec les dialogues, jouer avec les personnages et les situations. Ainsi chaque histoire a sa logique et son indépendance. C’est un réel plaisir à écrire.

Vos gags se concluent souvent dans la dernière case. Est-ce difficile de ne pas être trop prévisible?
O.S.
J’espère ne pas être trop prévisible (rires). La fin de chaque récit n’est pas toujours un gag, elle se veut surtout surprenante et décalée. Cela peut parfois prêter à rire, à sourire, à réfléchir et surtout à se rendre compte qu’inexorablement : Les cowboys sont toujours à l’Ouest.

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne
(sur Twitter)

«Les cowboys sont toujours à l’Ouest» par Olivier Supiot et Damien Geffroy. Fluide Glacial. 15,90 euros.


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