Makyo : « La référence est « Duel » de Spielberg »

Une forêt, un motard et un jogger. Ça suffit à Makyo pour écrire une histoire haletante et pleine de tension. D’autant que l’affrontement, parfaitement retranscrit par le dessin de Laval NG, réserve une explication surprenante en fin d’album.

Développer un duel sur 70 pages, c’est un défi ?
Makyo.
En réalité pas vraiment, car pour tout vous dire, j’ai d’abord écrit cette histoire comme un projet de film dont la priorité était un petit budget de manière à ce qu’il soit réalisable. Donc forêt, un joggeur et une moto. L’idée par ailleurs m’est venue en direct, car je pratique le jogging en forêt et j’ai une fois croisé une moto. Mais rien ne s’est passé, évidemment. Sauf que le scénariste fait feu de tout bois.

Il est alors important de varier le rythme avec des phases de poursuite, de tension et des respirations ?
M.
Oui, bien évidemment c’est un exercice de style. Un film ou une BD de genre. Comme il y a peu de décors différents et peu de personnages, tout est question de rythme, de variations de plans, de suspens et de la montée croissante de la tension.

Avez-vous été influencé par le cinéma pour cet album ?
M.
La référence est évidemment « Duel » de Spielberg. Avec le principe de la force négative symbolisée par quelque chose d’anonyme, peu identifiable. Sauf que, par rapport à « Duel », j’avais envie de trouver une explication à ce qui semble ne pas en avoir. Ce qui fait un effet de révélation supplémentaire.

Comme les films « Usual Suspect » ou « Sixième sens », « Effet miroir » prend tout son relief lors de la révélation finale. Vous vouliez surprendre le lecteur ou tout au moins l’intriguer ?
M.
Oui, en effet, intriguer au plus haut point et faire en sorte que la révélation soit à la hauteur de la tension. Je n’aime pas les explications finales bancales.

La plus grande partie de cet album se déroule en forêt. Il était encore plus compliqué de trouver le dessinateur idéal ?
M.
Laval s’est imposé rapidement, car c’est un dessinateur de très très grand talent. Il sait tout faire et je savais qu’il serait capable de varier les plans à l’infini ce qui était indispensable pour éviter l’ennui.

De nombreuses planches sont totalement muettes. Vous avez beaucoup travaillé sur le découpage en amont ou vous en avez discuté avec Laval NG ?
M.
En pensant au film, j’avais de toute façon la nécessité absolue de travailler la montée de tension et le rythme. J’en ai évidemment parlé avec Laval qui a très vite compris cette nécessité. Par ailleurs, sa mise en images est tellement belle et précise que ça nous servira pratiquement de storyboard.

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne
(sur Twitter)

« Effet miroir » par Laval NG et Makyo. Delcourt, collection Machination. 18,95 euros.

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