Mab: «Quand les héros deviennent parents»
Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants. « Et ils eurent beaucoup d’emmerdes », corrige cet album, qui raconte comment les héros et héroïnes des contes de notre enfance sont devenus parents. Avec son dessin très cartoon et son humour décalé, Mab donne un sérieux coup de jeune au petit chaperon rouge, Boucle d’or ou Peter Pan.
Comment vous est venue l’idée d’inventer la vie des enfants des héros de conte?
Mab. C’est venu quelque temps après avoir eu un enfant. Ça change la vie et ça remet beaucoup de choses en perspective, mais souvent dans les contes, c’est là que l’histoire s’arrête. En lisant des histoires à mon fils, je me disais : qu’est-ce qu’il se passe une fois que les héros ou héroïnes deviennent parents ? Que transmettent-ils à leurs enfants ? Les bagages familiaux peuvent être assez lourds dans les contes et voir comment les enfants (petits ou grands) pouvaient gérer cet héritage m’amusait beaucoup.
Que représentent les contes pour vous?
M. Comme beaucoup, j’ai lu ou entendu des versions des contes les plus connus étant enfant. Je n’y étais pas particulièrement attaché, mais plus tard, je me suis rendu compte de l’impact qu’ils avaient dans l’imaginaire collectif. En devenant parent, je les ai relues et je me suis aperçu que les morales étaient parfois franchement poussiéreuses. Ça a aussi conditionné mon envie d’inclure un peu de modernité dans ces histoires.
Comment avez-vous choisi vos héros? Est-ce que certains se prêtaient plus que d’autres à l’exercice?
M. Bien sûr, pour certaines histoires, cela paraissait plus évident que pour d’autres. Très souvent, j’ai choisi les héros en fonction de ce que m’inspirait leur histoire d’origine. Ce qui m’intéressait, c’était surtout de trouver la bonne relation parent/enfant qui correspondrait au personnage. Dans « Le fils de Tarzan », le fils va demander des conseils en relation amoureuse à son père, alors que ce dernier est typiquement le personnage le moins sociable possible.
Certains enfants marchent sur les traces de leurs parents tandis que d’autres cherchent à s’en échapper. Il était important d’ainsi varier les histoires?
M. Oui, très important. Chacun d’entre eux a un parcours différent. En fonction des parents, j’ai essayé d’imaginer comment pouvait réagir les enfants, de manière plutôt exagérée pour rester dans un ton humoristique. C’est aussi pour cela que chacune des histoires aborde un degré de relation diffèrent en fonction de l’âge de l’enfant. On ne se comporte pas pareil avec son enfant en bas âge ou avec un enfant devenu adulte.
Votre dessin est très cartoon. Vous venez d’ailleurs de l’animation. Une adaptation pour la télévision pourrait vous tenter?
M. Bien sûr. Je ne sais pas si ce serait idéal pour la télévision. Le format télé demande souvent d’installer des personnages récurrents (ce qui n’est pas le cas ici). Mais une mini-série avec un épisode par personnage pourrait être une idée.
Sur la couverture, on aperçoit notamment Aladin et Pinocchio, qui ne figurent pas dans l’album. Est-ce que ça annonce une suite?
M. J’aimerais beaucoup. Effectivement, je les ai mis sur la couverture, car j’avais des idées pour raconter la suite de leurs histoires, mais il fallait bien arrêter le livre à un moment. Il existe encore plein d’autres contes et légendes que je n’ai pas abordé dans cet album. Mais, je compte bien m’y mettre!
Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne
(sur Twitter)
« Et ils eurent beaucoup d’emmerdes » par Mab. Fluide Glacial. 13,90 euros.