Léo: « Créer une histoire insolite »

Après «Les Mondes d’Aldébaran» ou «Centaurus», Rodolphe et Léo imaginent un nouveau récit de SF particulièrement intrigant. Dessiné par Louis Alloing, «Demain» bouscule les repères de l’espace-temps. Un premier tome très prometteur.

Cette nouvelle série s’intitule «Demain» mais débute dans les fifties. Comment expliquez-vous ce paradoxe?
Léo.
En réalité ce n’est pas un paradoxe, comme on verra à la fin de l’histoire. Mais je ne peux en dire plus sous peine de dévoiler trop tôt le mystère…

Le dessin de Louis Alloing colle parfaitement aux années 50. C’est ce qui a motivé votre choix pour le dessinateur de cette série?
L.
Rodolphe et moi avons écrit ce récit spécialement pour Louis Alloing, un ami cher, avec qui Rodolphe a déjà réalisé plusieurs séries. C’est vrai que son style se case très bien avec les ambiances des années 50. Mais je trouve qu’il s’en sort aussi parfaitement dans l’autre partie de l’histoire se passant sur la Terre ravagée avec des scènes parfois très dures. Le style élégant et sobre de Louis rend cette partie-là moins lourde, moins sordide même, ce qui est à mon avis un atout.

«Demain» se déroule sur deux histoires pour le moment très différentes, qui se déroulent à des époques différentes et qui commencent à se rencontrer à la fin de ce premier tome. Cette notion de voyage dans le temps vous intéresse particulièrement?
L.
Vous en êtes sûr que les deux histoires se déroulent dans des époques différentes ? Et si ce n’était pas le cas?…

L’histoire débute comme un film d’horreur avec une bande d’adolescents qui explorent une maison abandonnée. Vous aviez envie d’intégrer une ambiance un peu angoissante?
L.
Dans notre cas, quand Rodolphe et moi avons commencé à cogiter sur notre récit, on a plutôt lancé les idées de base de la trame et on a ensuite détaillé petit à petit l’histoire en choisissant les personnages, en imaginant le déroulement des scènes. Et il s’est avéré que les personnages vont vivre des moments angoissants comme le résultat même de l’ambiance qui découle de la situation que nous avons imaginée. Les moments angoissants du récit sont donc un corolaire et non un choix de départ.

Que ce soit par la découverte de Jo ou par le monde où vit Fleur, on ne sait pas trop où l’on est et où l’on va. Vous aimez déstabiliser le lecteur?
L.
Pas forcément le déstabiliser, mais sûrement créer une histoire insolite qui donne envie au lecteur de savoir où diable va le conduire le récit. C’est une façon de l’accrocher, de réveiller son intérêt. Je crois qu’au fil de nos créations c’est devenu, pour Rodolphe et moi, une espèce de marque de fabrique : des récits insolites.

«Demain» fait penser à d’autres œuvres sans toutefois être trop marqué par l’une en particulier. J’ai pensé aux séries «Dark» ou «22.11.63» mais d’autres lecteurs peuvent avoir d’autres références. C’est important d’être ainsi original?
L.
Je crois que tout scénariste essaye d’inventer des histoires originales. Même si on peut être influencé plus ou moins inconsciemment par des récits qu’on a lus, qu’on a vus au cinéma… Ça fait inévitablement partie du processus créatif. Notre imagination s’alimente forcément de toutes les histoires et les scènes que notre cerveau a captées à un moment ou un autre.

En refermant ce premier tome, le lecteur réfléchit forcément à plein de théories. C’est important de continuer à faire vivre un livre entre deux tomes?
L.
Bien sûr, mais pas forcément à travers de théories que le récit aurait suggérées. Pour moi, si l’histoire qu’on a lue nous touche, soit par la réflexion suscitée ou par l’émotion aussi, elle va nous marquer et on ne va pas l’oublier facilement. Au moins jusqu’à la sortie du tome suivant…

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne
(sur Twitter)

«Demain» par Rodolphe, Léo et Louis Alloing. Delcourt. 13,50 euros.

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