Jacky Schwartzmann: «Un polar… à la Fargo»

Un nouveau prêtre vient d’arriver dans la petite ville tranquille de Saint-Claude. Sauf que le Père Lucien n’est pas vraiment curé. C’est un petit truand qui cherche à échapper à une bande de tueurs. Comme dans ses excellents romans, Jacky Schwartzmann marche sur les traces des frères Coen et livre un polar déjanté aux personnages truculents.


Qu’est-ce qui dans cette histoire de petit truand déguisé en curé vous a donné envie de la raconter en bande dessinée plutôt que dans un roman?
Jacky Schwartzmann. Je ne me souviens même pas m’être posé la question, il a toujours été évident pour moi que cela passerait par le dessin. Et le résultat me donne raison, cette histoire offre tant de choses à voir. C’était le média parfait. Sans compter qu’avec Sylvain aux manettes, j’étais assuré du résultat.



Sylvain Vallée est crédité au dessin mais aussi au scénario. Qu’est-ce qu’il a apporté au projet?
J.S. Ne serait-ce qu’au découpage, le dessinateur apporte forcément des choses au scénario. Le rythme, l’enchaînement des vignettes,… Mais dans ce cas précis, je crois que Sylvain s’est pris au jeu et s’est amusé à trouver des scènes. Notamment dans le deuxième tome, dont je ne peux pas parler, puisqu’il n’est pas sorti (sourire).

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Comme dans vos romans, vous situez l’intrigue dans une petite ville de province…
J.S. Les polars se déroulent souvent dans des grandes villes, ou dans des pays exotiques. Les situer dans des régions peu connues de France, dans des milieux ruraux de surcroît, rend l’histoire exotique. Décalée, en tout cas.



Vous citez régulièrement « Fargo » des frères Coen. Qu’est-ce qui vous plaît dans leur cinéma?
J.S. Tout ! Les histoires pour commencer, mais aussi le cadrage, les ouvertures de scène, les dialogues. C’est le summum de la comédie policière. Ils vont très loin dans l’humour, ce que nous ne savons pas faire en France. Les diffuseurs sont trop frileux. À part Canal et Arte, qui osent.

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Derrière les méthodes pas très catholiques de votre père Lucien, on devine un bandit au grand cœur. Est-ce finalement une histoire de rédemption?
J.S. En tout cas une évolution vers, ou contre la foi. Nous avons tout de suite estimé, Sylvain et moi, que si nous ne traitions pas le sujet de la foi, de la croyance,… alors nous passerions à côté de cette histoire. Bon, après, on le traite à notre manière. À la Fargo quoi !



Puisque cette histoire était à l’origine une sorte de « bible » pour une série télévisée, « Habemus Bastard » pourrait se prolonger au-delà de ce premier diptyque ? Est-ce qu’une adaptation télévisée est toujours envisageable?
J.S. J’ai envoyé un mail à Dargaud il y a cinq ans pour proposer le pitch. Honnêtement, je ne pense pas que c’était pour une série d’albums au départ. Mais, une adaptation télé me paraît inévitable. Avec Sylvain et moi au scénario, sans hésitation !

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne
<br><a href= »https://twitter.com/Emmanuel54000 » target= »_blank »>(sur Twitter)</a>

«Habemus bastard» par Jacky Schwartzmann et Sylvain Vallée. Dargaud. 19,99 euros.

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