Hervé Bourhis: « J’aurais aimé devenir critique rock »

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Déjà auteur des « Petit Livre rock » et « Petit Livre Beatles », Hervé Bourhis s’intéresse cette fois à quarante-cinq 45 tours mythiques de l’histoire du rock. Il redessine leurs pochettes et déniche des tas d’anecdotes, qui surprendront même les spécialistes. Indispensable !

On a l’impression que cet album est né de votre frustration d’avoir terminé le petit livre rock ?
Hervé Bourhis. Oui et non. Il y a des moyens différents de traiter un même sujet et les deux livres sont bien différents. Le livre rock est un patchwork graphique très subjectif, un peu impressionniste, alors que ce « 45 tours rock » est dans l’analyse. C’est plus documentaire, même si le ton est léger.

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Est-ce que le choix de 45 singles a été difficile ? Sur quels critères ?
H.B. Difficile, non, c’est agréable, mais j’y ai passé du temps. D’abord j’ai choisi les chansons qui me semblent emblématiques. J’ai voulu qu’il y ait toutes les décennies, des années 50 à aujourd’hui. Et surtout, j’ai choisi des chansons qui ont une histoire, car elles n’en ont pas toutes. Et comme j’aimerais qu’il y ait une suite, je ne me suis pas occupé des singles français, black, pop, hard, punk et électro. C’est ce qui explique qu’il n’y ait pas Led Zeppelin, Nirvana, Hendrix et Gainsbourg par exemple.



Pourquoi un classement alphabétique et pas chronologique ?
H.B. Parce que ça serait un peu cruel pour les années 1980-2000 par rapport aux glorieuses années 50-70. Et parce que je passe mon temps à faire des bouquins chronologiques, ça va comme ça !

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Êtes-vous fan de ces 45 singles ?
H.B. Oh pas nécessairement. J’aime bien Chuck Berry, mais je ne passe pas mon temps à écouter ses morceaux. Je n’adore pas les Doors non plus. Mais en attendant, Johnny B. Goode et Light my fire ont une importance historique, et une genèse intéressante à raconter. Enfin je me suis quand même fait plaisir, car je les aime quasiment toutes ces chansons.



Si vous deviez établir votre podium du point de vue musical, mais aussi celui plus graphique des trois plus belles pochettes ?
H.B. Non, c’est trop difficile. Je vais choisir un disque, parce qu’il me suit depuis que j’ai 5 ans: c’est « Gangsters » des Specials. Et sa pochette noir et blanc du label Two tone est très chouette.



Avec la dématérialisation de la musique, l’aspect graphique de la musique tend à disparaitre pour la majorité des gens. C’est quelque chose que vous déplorez ? Est-ce que ce rapport pochette/son était important pour vous ?
H.B. Oui, bien sûr, mais il y a toujours les concerts, les clips TV ou YouTube, des sites, des pages Facebook des groupes. Ça s’est déplacé. Enfin moi je m’en fiche, j’achète toujours les nouveautés en vinyle.

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Chaque pochette de 45 tours est accompagnée de textes riches en anecdotes. Cela a été un gros travail ?
H.B. Oui, il y a de la documentation, forcément. Livres, magazines, DVD, internet… J’ai essayé de ne pas survoler l’histoire de ces chansons, mais plutôt de fouiller pour trouver des anecdotes.

Vous auriez aimé devenir critique rock, n’est-ce pas ?
H.B. Oui, quand j’étais plus jeune, ça me fascinait. J’étais fan de Nick Kent et Lester Bangs, et même de l’écriture de Philippe Manœuvre et JD Beauvallet. Mais eux ne s’occupent pas de l’iconographie de leurs articles. Moi je fais tout !

Le seul regret concernant cet album, c’est son format de BD cartonnée franco-belge qui ne lui correspond peut-être pas parfaitement ?
H.B. Non, l’idée du bouquin m’est venue en trouvant le parallèle entre les 45 tours et les 46 pages de la BD franco-belge. C’est donc au contraire très cohérent.

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La pochette de « Paranoid Android » de Radiohead n’a probablement pas été la plus facile à réaliser ?
H.B. Ah oui, celle-ci c’était l’horreur, comme celle des Stone Roses. On est loin de la photo de groupe avec le logo du label comme dans les années 60, ce sont des œuvres abstraites. Pas facile à reproduire avec un « style bédé ». Mais ça ne m’a pas empêché d’essayer, c’est amusant.

Avec « Le Petit Livre rock », « Le Petit Livre Beatles », ce 45 tours rock, mais aussi les trois tomes du « Stéréo club », vous vous spécialisez dans la BD musicale. Est-ce qu’il existe un créneau pour ce type d’ouvrage ?
H.B. À chaque fois, c’est surtout que mon éditeur Philippe Ostermann accepte d’éditer mes projets bizarres ! Les histoires de créneau, de niche et de marketing, ce n’est pas mon affaire. Tant que je pourrais faire éditer mes livres sur la musique, je continuerai, parce que j’aime vraiment ça. Et je n’ai pas fait le tour de la question. Il y a encore des formes différentes à trouver pour exprimer des choses sur la musique.



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La prochaine étape pourrait aussi de créer une vraie pochette de single ou d’album. Cela vous tente ?
H.B. 
J’ai déjà fait des pochettes, mais franchement, je préfère redessiner au feutre-pinceau les pochettes des autres.

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne

(sur Twitter)

« 45 tours rock » par Hervé Bourhis. Dargaud. 12.99 euros.

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