Herik Hanna: «La musique est une porte d’entrée»

En racontant le road trip d’une bande de copains au festival d’Altamont, Herik Hanna parle évidemment de rock mais aussi et surtout de drogue, de la guerre au Vietnam et de la fin du mouvement hippie. Un projet original initié et dessiné par Charlie Adlard (« Walking Dead »).


Vous êtes fan de rock ? Cette passion a été le point de départ de cet album?
Herik Hanna.
La musique me parlait déjà beaucoup, mais ce n’est pas le point de départ de l’album. Le sujet vient de Charlie. Il souhaitait s’intéresser à cette époque et à cet évènement particulier, un peu moins connu en Europe, qui cristallise de nombreuses images autour de cette génération.


Vous auriez pu choisir un angle plus documentaire sur le festival. Pourquoi avoir choisi de vous concentrer sur vos personnages et donc sur la jeunesse de l’époque?
H.H.
Je l’ai appris plus tard mais Charlie n’avait pas l’intention de faire un reportage non plus. Il voulait une histoire. Un polar, un thriller,… ça aurait pu être n’importe quoi. Et je lui ai proposé cette approche, un peu à contrepied. On pourrait penser que c’est un album qui traverse cette période pour parler du festival. C’est plutôt l’inverse. On parle surtout de personnages qui vivent, à l’ombre de l’histoire du rock, un très mauvais moment.


Vous n’avez pas connu ce mouvement hippie. Comment vous êtes-vous imprégné de sa philosophie pour raconter le road trip de vos personnages?
H.H.
J’ai bien connu des personnes qui vivaient en communauté dans les années 70. J’ai aussi été biberonné très tôt au rock au blues des années 60 et 70. La musique était donc une porte d’entrée vers l’époque. Pour Charlie, batteur et musicien, aussi. « Hair », le film de Milos Forman, a aussi beaucoup compté. Je ne l’ai pas revu exprès pendant que je travaillais sur l’album. Je savais déjà qu’il y aurait des résonances naturelles. A la maison, c’était la comédie musicale de Noël…


Comment s’est passé votre collaboration avec le dessinateur de « Walking Dead » Charlie Adlard?
H.H.
Il a d’abord apporté le projet. J’avais juste deux éléments avant de commencer à travailler sur le synopsis : Altamont et Charlie. Une présentation de Thierry Mornet, un vendredi soir en mai 2020, un weekend avec peu de sommeil sur le premier résumé, une réponse immédiate de Charlie qui validait l’ensemble et c’était parti pour trois mois sur le scénario complet. Pour lui qui avait attendu la fin de «Walking Dead» pendant 16 ans, il était content, presque surpris d’avoir une histoire complète sous la main, fin comprise.


Vous portez un regard plutôt désenchanté sur ce mouvement qui n’a pas réussi à changer la société. Cela vous laisse des regrets?
H.H.
Prise de conscience écologique, engagements contre les guerres, popularité des drogues douces, retour à la nature, droit au temps libre, recherche du bien être… et quelques descendants virtuoses de Page et Clapton plus tard. Vous pensez que ce mouvement n’a pas changé la société (sourire) ?

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne
(sur Twitter)

«Altamont» par Herik Hanna et Charlie Adlard. Glénat. 13,99 euros.

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