Corbeyran: les Stryges sont parmi nous
10e album, 10 ans. « Le Chant des stryges » fêtent son anniversaire et son scénariste n’a pas l’intention de laisser tomber le lecteur tout de suite.
Créatures ailées très mystérieuses, les stryges sont au cœur de ce thriller fantastique aux multiples rebondissements. Les albums s’enchaînent, le dixième tome vient de sortir, sans qu’aucune baisse de régime ne vienne enrayer le scénario diabolique et captivant de Corbeyran. Distillées au compte-gouttes, les révélations de chaque album n’en sont que plus attendues. es amateurs de la série X-Files adorent. Les autres aussi.
Que vous inspire ce dixième anniversaire de votre série « Le Chant des stryges »?
Avant tout autre, c’est le mot « fidélité » qui me vient à l’esprit. LFidélité à une idée vieille de dix ans que nous avons réussi à développer sans lâcher le cap et à faire évoluer au gré de notre inspiration et des avancées technologiques. Fidélité du public aussi qui nous suit pas à pas dans cette gigantesque aventure et qui répond présent au rendez-vous annuel que nous lui fixons depuis maintenant 10 ans.
Comment est née « Le Chant des stryges »?
Avec Richard Guérineau, le dessinateur, nous avons trouvé un ouvrage pseudo scientifique écrit par un savant obscur : Peter MacKenzie. Son livre intitulé « contact & inducement » décrivait un phénomène étrange : les stryges, des créatures ailées vivants à la lisière de notre réalité et se nourrissant de notre volonté. Le stryge était donc une sorte de vampire moderne. Une théorie aussi fumeuse ne pouvait manquer de piquer notre curiosité.
Quelle était votre idée de départ ?
C’était de montrer quelles étaient les implications d’un phénomène aussi important sur l’espèce humaine (son évolution, son histoire). En quoi cela change-t-il que l’on soit ou non maîtres de notre propre destinée ? Au fil des ans, les chemins de la démonstration ont évidemment pris des détours inattendus, mais l’objectif est toujours le même.
Quelles sont les clés du succès de votre série ?
Je n’en ai aucune idée. Richard et moi sommes finalement assez instinctifs. On ne réfléchit pas en terme de « ceci va marcher » ou « ceci ne va pas marcher ». On suit notre chemin. On essaie d’être convaincants, sincères et réguliers. Et au passage, on se fait plaisir aussi.
Votre série est souvent comparée à X-Files, notamment en raison d’évènements paranormaux et d’une théorie du complot. C’est une parenté que vous acceptez ?
Sans problème. Les stryges proposent en effet une mythologie contemporaine. Pas d’ovni ni de martiens chez nous, mais des créatures de l’ombre qui tissent leur toile en nous utilisant. Mais j’aimerai quand même citer notre référence en la matière : HP Lovecraft, inventeur du mythe de chtulu et des grands anciens. C’est grâce à l’œuvre sombre et fantastique de cet immense auteur que nous avons eu envie de créer notre propre réalité alternative.
Est-ce qu’une adaptation est envisageable sur petit ou grand écran ?
Nous avons eu des propositions mais cela ne s’est pas fait pour diverses raisons. C’est très compliqué. Pourquoi pas un jour ? En tout cas, ce n’est pas notre priorité.
« Le chant des Stryges » est prévu en trois saisons de six albums. Ce n’est pas trop long ?
Il est important de ne pas aller trop vite pour ficeler un scénario crédible. Si on règle leur affaire aux stryges en deux tomes, l’histoire ne présente aucun intérêt. L’idée de base est toute simple, c’est le traitement qui fait la différence. Il faut prendre son temps. Comme pour les grandes séries télé, le développement est essentiel au plaisir.
Vous avez déjà en tête la trame générale de toute la série et de la révélation finale ?
Nous savons comment finit l’histoire. Mais une série reste mystérieuse aussi pour ses auteurs ! Heureusement…
Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne
© photo et illustrations Delcourt