Antoine Ozanam: « M’éloigner de Game of Thrones »

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Difficile de se plonger dans les terres inconnues de « L’Ombre blanche » sans penser à la saga littéraire « Game of Thrones ». Pourtant, son scénariste Antoine Ozanam n’a découvert la série télé qu’en cours d’écriture et a ensuite cherché à s’en démarquer. On attend avec impatience la suite prévue en septembre.

Est-ce que « L’Ombre blanche » est une série d’heroic-fantasy ? Comment la définiriez-vous ?
Antoine Ozanam. À partir du moment où il n’y a pas d’élément de fantasy dans cette histoire, c’est difficile d’en revendiquer le titre. Mais oui, il y a plusieurs éléments qui pourraient faire croire qu’il s’agit bien d’heroic-fantasy. Le fait notamment que les lieux et les faits soient inventés. Et que l’on parle d’une bête, le Sans-nom, qui n’est pas réelle.

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Si la question se pose, c’est que cet album semble naviguer entre plusieurs genres, est-ce que vous avez cherché une nouvelle voie ?
A.O. Disons que j’ai longtemps pensé que je ne ferai jamais d’heroic-fantasy. Je ne voyais vraiment pas quoi raconter qui ne le soit pas déjà. Si c’était pour raconter la quête d’un elfe et d’une guerrière pour combattre le mal, je ne m’en sentais pas la force. Après, quand nous avons parlé d’un nouveau projet avec Antoine Carrion, il m’a demandé d’écrire une histoire dans ce genre. Et comme je voulais continuer à bosser avec lui, j’ai commencé à réfléchir à comment tirer mon épingle du jeu. J’en suis venu à me dire que j’allais tricher : j’allais faire de l’heroic-fantasy sans fantasy et en appliquant ce que je crois savoir faire : des histoires de mafieux ! C’est aussi à cette époque que je suis tombé sur des contes serbes et hongrois sur les guerres de succession… D’ailleurs tous les noms des personnages viennent de ces histoires hongroises.

Cette lutte entre plusieurs clans pour s’emparer d’un royaume rappelle « Game of Thrones ». Est-ce que cela a été une influence ou l’avez-vous découvert après l’écriture de ce premier tome ?
A.O. Antoine Carrion m’a parlé de la série télé en plein milieu du premier tome. J’ai failli ne pas la regarder pour ne pas être influencé. Puis j’ai craqué. Je pense que ce qui fait référence, c’est la guerre de succession. Les complots… en gros, le côté mafieux ! Maintenant, le fait de connaitre la série a eu une influence sur la deuxième partie du récit (le tome 2). Il a fallu que je change plusieurs choses pour m’éloigner de « Game of Thrones ». Alors que justement j’avais écrit sans le savoir quelque chose de beaucoup plus proche.

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Est-ce une référence qui vous flatte ou que vous trouvez trop réductrice ?
A.O. Généralement, les gens ont besoin de classifier. Là, on tombe dans la petite case « Game of Thrones ». Et je le comprends très bien. Mieux vaut être comparé à un chouette truc qu’à une sombre bouse. Donc ça me va.

Contrairement à « Game of Thrones », il n’y a aucune scène de sexe dans « L’Ombre blanche ». Est-ce que la question s’est posée ?
A.O. Pour moi, les scènes de sexe ne doivent pas être gratuites. Il faut qu’elles fassent avancer le récit. Là, ce n’était pas le cas. Et je ne voulais surtout pas que le sexe soit une arme d’accession au pouvoir pour les personnages féminins. 


Ce premier tome soulève beaucoup de questions. Toutes vont trouver des réponses dans la conclusion de ce diptyque ?
A.O.
Ça dépend des questions que vous vous posez ! Le but pour moi est de raconter une histoire en entier. Donc le diptyque se bouclera vraiment. Maintenant, je n’ai jamais été un fervent adepte du  » tout expliquer ». J’aime les fins ouvertes par exemple. Mais avec un vrai contenu !

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La BD actuelle privilégie les séries courtes. Est-ce un regret pour ce projet que l’on imaginerait prendre toute son ampleur sur un grand nombre de tomes ?
A.O. Ça, c’est un vaste problème ! Je n’aime pas en tant que lecteur les séries qui continuent plus que de raison. Quand une histoire doit se terminer, il vaut mieux ne pas aller plus loin. J’ai refusé dans le passé de donner une suite à l’un de mes albums. Parce que l’histoire était allée à son terme.

Maintenant, pour « L’Ombre blanche », tout comme pour « Klaw » (série que je sors ce mois-ci au Lombard), les choses sont différentes. Une suite potentielle est pensée à la base.
Pour « L’ombre blanche », pour être cohérent, j’ai fait des fiches personnages qui racontent ce qui s’est passé avant le tome 1 et après le tome 2. Donc j’ai de quoi raconter bien plus que ce que l’on pourrait appeler le « premier cycle ». Mais en créant une vraie fin au bout du second tome, cela permet aussi de donner un rythme à l’ensemble. Si je devais (pouvais) poursuivre, je continuerais à écrire des cycles courts. 



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En quoi le trait d’Antoine Carrion vous a semblé une évidence pour mettre en images cette histoire ?
A.O. Comme je le disais tout à l’heure, Antoine est à l’origine de cette histoire. C’est parce qu’il avait envie de dessiner des personnages avec des épées que je me suis lancé dans l’aventure. Et je ne regrette pas. Il a fait un boulot magnifique et moi je me suis amusé comme un fou.

Propos recueillis par Emmanuel Lafrogne

(sur Twitter)

« L’Ombre blanche », tome 1. « La Traque du Sans-nom » par Antoine Ozanam  et Antoine Carrion. Editions Soleil. 13,95 euros.

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