Bandes dessinées: « 2006, l’année de la maturation »

Le traditionnel rapport annuel de l’ACBD note pour la 11e année consécutive une production record, avec 4.130 titres publiés en France et dans l’espace francophone européen.

« Les phénomènes observés les années précédentes (augmentation, diversité et “mangalisation” de la production, concentration de l’édition, consécration des gros tirages, confirmation de l’intérêt porté au 9e art, etc.) se pérennisent, s’accélèrent, se mondialisent et, finalement, confirment le fait, qu’en 2006, la BD francophone européenne soit devenue, avant tout, une industrie culturelle totalement mature », explique le secrétaire général de l’Association des critiques de bandes dessinées (ACBD), Gilles Ratier, dans son bilan annuel.

Concrètement, la production de bandes dessinées a connu en 2006 une nouvelle année record (pour la 11e année consécutive), avec 4.130 titres (dont 3.195 strictes nouveautés) publiés en France et dans l’espace francophone européen, soit 14,7% de plus qu’en 2005. Les BD humoristiques arrivent en tête (28,89% du secteur), devant les BD relevant de l’imaginaire fantastique (23,16%), policières (20,09%), historiques (18,08%) et les BD pour les tout-petits (9,76%), des proportions comparables à 2005.

La bande dessinée représente aujourd’hui 7,5% de l’ensemble des quelque 55.000 livres publiés en France et dans les pays francophones limitrophes, et un peu plus de 6,5% du chiffre d’affaires total de l’édition. Désormais, estime Gilles Ratier, « pour être visible en librairie, un éditeur doit produire au moins huit titres par mois, alors que cette inflation diminue le temps d’exposition de certains titres, notamment les premiers albums et les expériences graphiques ou narratives ».

A l’inverse donc, plusieurs grandes séries bénéficient de très gros tirages (85 séries tirées à plus de 50.000 exemplaires contre 77 en 2005) et d’importantes opérations marketing. Ainsi début octobre, le 11e tome de « Titeuf » de Zep a été tiré à 1,8 million d’exemplaires – ce qui en fait la plus grosse sortie en librairie de l’année, tous genres confondus -, devant le deuxième « Lucky Luke » d’Achdé et Laurent Gerra, 650.000 exemplaires.

Si les mangas sont tirés à moins d’exemplaires que ces ténors de la BD franco-belge (en 2006, les Naruto ont été tirés à 130.000 exemplaires), les nouveaux tomes des séries se succèdent dans des délais très rapprochés. Et ça marche plutôt bien: sur les 3.195 nouveautés BD publiées en albums sur le territoire francophone européen en 2006, 1.418 sont d’origine asiatique (ce qui correspond à 509 séries traduites) dont 1.110 viennent du Japon (937 en 2005), 259 de Corée (195 en 2005), 41 de Chine et de HongKong (10 en 2005), et 6 de Singapour, 1 de Taïwan, 1 d’Inde (il n’y en avait pas en 2005). A noter aussi la multiplication des BD “made in Europe” qui s’inspirent nettement des différents codes
graphiques et narratifs des mangas.

Du côté des éditeurs, ils étaient 225 (203 en 2005) à avoir publié des BD en 2006, mais
seulement 17 d’entre eux – en particulier Media Participation (Dargaud, Dupuis, Lombard…), Glénat, MC Productions (Soleil, Quadrant Solaire, Soleil Manga, 35 pour Gochawon, Asuka, etc) – ont produit plus de 70% de ces albums.

Par ailleurs, souligne Gilles Ratier, la BD « lorgne désormais, sans complexe, sur le
cinéma, la télé, les jeux vidéo, le théâtre, la musique ou la littérature, même s’il n’y a plus que 21
revues spécialisées qui la prépublient »
. Ce principe de déclinaison multi supports a commencé avec la série de dessins
animés « Foot 2 Rue », mais on retrouve la même volonté de faire quitter les cases aux personnages de BD
chez d’autres éditeurs note le rapport : chez Média Participations avec Yakari, Spirou, Cédric, Rantanplan et bientôt
Valérian, sans oublier la création de Kana Vidéo ; chez Glénat avec Titeuf ; chez Delcourt avec Grabouillon
et Allez raconte, etc.

Voir le rapport (PDF)

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