TOMBELAINE – TOME 3. De sueur et de sang

Une intrigue historique doublée d’une histoire romanesque mais qui manque singulièrement de relief.

Pékin, le 21 juin 1900. La révolte des Boxeurs (le nom donné aux membres de la secte chinoise du « Poing fermé », nationalistes et xénophobes) éclate. Tandis que les Occidentaux retranchés dans leur légation résistent comme ils peuvent, le matelot Quentin Fortune et Maï, une jeune Chinoise, sont envoyés à la recherche d’une armée de secours. Un parcours semé d’embûches dans une campagne où les Boxers ne laissent que ruines et cadavres dans les missions catholiques.

Après « Vasco », Gilles Chaillet a choisi l’Asie pour son récit d’aventures historiques, « Tombelaine »: les 55 jours de Pékin, une période de la Chine, largement ignorée dans la bande dessinée mais essentielle puisqu’elle marqua la fin de la dynastie des Qing. Sur cette trame historique, Chaillet monte l’histoire fictive d’un jeune homme embarqué malgré lui dans la tourmente: victime d’un chantage, Quentin Fortune a dû abandonner brutalement sa terre natale et Amélie, la jeune fille dont il est amoureux.
Capo (« Loïc Francœur », « Les Teutoniques ») et Chaillet s’en sortent plutôt bien: le récit semble très documenté sans être ennuyeux, les décors et l’architecture sont reconstitués avec minutie tant en Chine où se passe la majeure partie de l’action qu’en France où Amélie est courtisée par un certain Raymond Robert. Le parti pris par les auteurs dans l’évocation des colonies chinoises est intéressant car si les deux camps n’hésitent pas à recourir à la violence, le portrait qui est fait des Occidentaux (racistes, méprisants, grivois et pilleurs des richesses de la Chine) ne les rend guère sympathiques. Les Occidentaux ne sont pas forcément les gentils et les Chinois se sont pas non plus les méchants.

Cette intrigue historique se double d’une histoire romanesque. Mais celle-ci, qui se déroule en parallèle, présente finalement peu d’intérêt. Les déboires d’Amélie avec son mentor en Normandie sont plutôt fades et le manque de relief des dialogues s’en ressent d’autant plus. On regrette aussi le manque de rigueur de Capo tout au long d’un album, truffé d’invraisemblances. Un exemple parmi d’autres: un couple s’enfuit, la femme en tête. Elle tient sa robe à deux mains. Deux cases plus loin, elle tue d’un coup de pistolet dans le dos un Chinois qui s’apprêtait à poignarder son mari par derrière… Mais par quel mystère s’est-elle donc retrouvée derrière les deux hommes, un pistolet à la main?!

Les amateurs de la rubrique « Le pinailleur » du mensuel Bodoï seront servis…

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