THE PRIVATE EYE

En 2076, dans une société post-internet, un détective privé enquête sur le meurtre de sa cliente. Un polar d’anticipation diablement efficace.

Auteur de « Y, le dernier homme », « Ex Machina », « Saga » ou encore « Paper Girls », Brian K. Vaughan met cette fois son imagination au service d’un récit d’anticipation post-internet. Nous sommes en 2076, 50 ans après l’implosion du Cloud, mettant d’un coup sur la place publique la vie privée et les secrets de tout à chacun. Depuis internet a été banni, les gens se cachent en permanence derrière des masques et des pseudos pour protéger leur identité et les journalistes – le 4e pouvoir – ont remplacé les policiers dans les enquêtes.

Le format à l’italienne de « The private eye » s’explique par la conception même du récit. Créé pour être lu sur la plateforme Panel Syndicate, il a d’abord été publié sur le Net, chaque numéro (il y en a dix au total) étant proposé à prix libre aux internautes. Une initiative audacieuse qui a valu à « The private eye » le prix Eisner et Harvey 2015 de la meilleure BD en ligne.

Il faut dire que ce polar qui met en scène un détective privé enquêtant sur le meurtre d’une cliente a de sacrés atouts. D’abord parce que l’univers décrit est à la fois crédible et enthousiasmant: le dessinateur Marcos Martin prend visiblement plaisir à affubler les personnages de déguisements improbables et à construire une ville futuriste. Mais le découpage également est efficace, le rythme est bon, les couleurs flashy sont dans la lignée des anciens comics et les personnages sont bien campés. En tant que lecteur de 2017, on apprécie particulièrement le papy tatoué nostalgique des réseaux sociaux, des ordinateurs portables et autres tablettes… En outre, sans en avoir l’air, Brian K. Vaughan offre sur près de 300 pages une réflexion sur notre utilisation des réseaux sociaux, leurs conséquences sur notre vie privée ainsi que le rôle des médias.

Bref, même si la conclusion du récit s’avère un peu en dessous de l’intrigue générale, ce « Private eye » constitue une excellente lecture. Il serait bien dommage de s’en priver.

Dessinateur: Martin Marcos – Scénariste: Brian K. Vaughan – Editeur: Urban comics – Prix: 28 euros.

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