SOUTERRAINS
Des mineurs se retrouvent coincés sous terre avec la machine qu’ils étaient chargés de tester. Une critique sociale bien menée, mélangeant steampunk et heroïc fantasy.
Henri le sent, l’avenir n’est pas bon pour l’emploi des mineurs. La nouvelle machine annoncée par la direction de la mine inquiète le syndicaliste mais son beau-frère, Lucien, lui, ne voit pas si loin: en se portant volontaire pour la tester en secret, il va gagner une prime et une promesse d’avancement.
« Souterrains » démarre comme une critique politico-sociale réaliste dans ce qui ressemble au nord de la France du début du XXe siècle avec un syndicaliste révolté, au discours marxiste sur le clivage entre les ouvriers et les patrons, les exploités et les exploiteurs. Mais rapidement on comprend que l’univers développé par Romain Baudy tient également du steampunk et même de l’heroïc fantasy! Robot humanoïde, créatures monstrueuses… L’auteur de « Pacifique » (avec Martin Trystam) formé à l’animation à l’école des Gobelins casse en effet les frontières entre les genres au fur et à mesure que les mineurs volontaires s’enfoncent dans les entrailles de la Terre. Un pari audacieux que relève plutôt bien Romain Baudy, ici seul aux manettes, malgré quelques petites faiblesses: une entame un peu longue sur la situation sociale des mineurs, une intrigue très simple et des dialogues qui ne collent pas toujours aux personnages. Heureusement, les grandes cases, la richesse des détails et les belles couleurs adaptées à l’éclairage artificiel des profondeurs accompagnent un scénario qui retombe intelligemment sur ses pattes avec un monde souterrain finalement très proche socialement de celui de la surface.
Dessin et scénario : Romain Baudy – Editeur: Casterman – Prix: 20 euros.