SILLAGE – Tome 8. Nature humaine
Nävis va enfin rencontrer des humains comme elle. Ce nouvel opus s’annonçait comme un épisode charnière. Il déçoit en fait par son manque de suspense et d’action.
Nävis a le moral dans les chaussettes: elle vient d’enterrer le magister Mackel-Loos, son tuteur depuis son arrivée sur le vaisseau Sillage. La seule chose qui pourrait lui redonner la joie de vivre serait de retrouver les êtres humains localisés dans une zone spatiale dangereuse. Accompagnée de son robot Snivel et du fidèle Bobo, la jeune fille va se mettre en route, contre l’avis des autorités de Sillage.
La jeune humaine découvre enfin, pour le première fois, ses pairs. Depuis le temps que l’on attendait cette rencontre, ce huitième tome s’annonçait comme un tournant. Et pourquoi pas une fin en apothéose pour cette série dont il s’est déjà vendu plus de 650.000 exemplaires depuis son lancement en 1998?
On vous le dit tout de suite, les auteurs semblent vouloir continuer à profiter de leur succès et au lieu de l’apothéose espérée c’est plutôt à un album mi-figue mi-raisin que l’on a droit. Bien sûr, la recette reste globalement la même avec un dessin agréable, des couleurs soignées, des personnages attachants et des extra-terrestres originaux. Bref, la lecture n’est pas désagréable. Mais contrairement aux épisodes précédents qui mettaient en scène une Nävis dynamique, « Nature humaine » se révèle statique et bien peu palpitant. D’abord parce qu’il ne se passe finalement pas grand chose: le voyage vers la zone habitée par les hommes est long et Nävis reste d’une passivité déconcertante. On comprend bien que les auteurs ont voulu axer cet album sur la psychologie de la jeune fille et sa dépression. Et en effet, on la découvre ainsi beaucoup moins sûre d’elle, plus fragile et hésitante ce qui n’est pas plus mal. Mais était-ce besoin d’insister aussi lourdement sur son état en nous la montrant muette, renfrognée et la tête baissée pendant tout le voyage?
Quant à la rencontre de la jeune fille avec ses congénères, on s’attendait à davantage de révélations. Là, on découvre une bande de hippies passant leur temps à danser et à fumer de la marijuana et laissant leurs blessés sans soins. Le coup de théâtre final vient sortir l’album de sa mollesse générale mais la tension dramatique n’est pas assez développée pour nous tenir vraiment en haleine. Nävis sort grandement déçue de son expérience mais Morvan permet à son héroïne de se relever. La série continue donc, comme si le scénariste avait voulu faire plaisir à ses fans en leur offrant vite fait une rencontre avec des humains mais qu’il ne s’agissait pas de LA rencontre. Patience donc: le hors-série « Le Collectionneur » révélait qu’un autre humain était présent sur Sillage, information que Nävis continue, elle, d’ignorer…
– Delcourt