SAPIENS

Entre fable et onirisme, une histoire originale transcendée par un dessin expressionniste superbe.

Absurde. L’univers développé par Fréderic Pontarolo l’est sans conteste. Alors qu’il traîne dans la rue, un jeune écrivain en manque d’inspiration est attaqué par trois fillettes copies conformes qui l’endorment avec un gaz. Lorsqu’il se réveille, il est allongé sur une plage où des carcasses d’usines sont en train de rouiller. Toutes aussi étranges sont les deux habitantes qu’il rencontre: Eugénie, une petite fille taciturne, et Pétula, un être mi-vache, mi-femme.

Absurde mais pas incohérent. L’auteur met en scène des personnages attachants qu’il emmène là où il veut, suivant un scénario parfaitement logique, sombre , tragique même, mais que viennent égayer de petites pointes d »humour. En fait, « Sapiens » résume le talent de Pontarolo là où « Akarus » et « Naciré et les machines » développaient déjà un style très intéressant mais s’étendaient sur plusieurs tomes.

On retrouve donc ici des thèmes chers à ce jeune auteur strasbourgeois, lauréat de l’Alph’Art Graine de Pro du Festival d’Angoulême il y a quelques années: la recherche de l’amour et la noirceur d’un monde futuriste. On retrouve également son dessin anguleux et expressionniste en couleurs directes à dominante automnale – toute une déclinaison de orange, marron et rouge – et cette atmosphère onirique accentuée par le découpage et la forme des cases variables d’une planche à l’autre. Un univers graphique superbe qui explose grâce à la collection « Carrément BD » de Glénat et son format original de trente centimètres sur trente.

Glénat

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