RED ROOM – Tome 1. Le réseau anti-social

Des malheureux se font torturer devant un écran pour le plaisir des spectateurs. Ultra-violent et gore à outrance. Un album à ne pas mettre entre toutes les mains.

Bienvenue dans le monde des snuff movies version 2.0. Et celui-là n’en est pas moins atroce: pendant que des dérangés du ciboulot diffusent sur le Darkweb des vidéos de torture plébiscitées par les internautes à coup de bitcoins, un flic enterre sa femme et sa fille cadette renversées par un chauffard.
Auteur de « Hip Hop Family » et X-Men Grand Design, l’Américain Ed Piksor signe ici une série en trois volumes destinée à un public très averti. Très, très averti… Car bien davantage que l’intrigue finalement, ce qu’on retient surtout de ces quelque 200 pages de gore absolu – au trait très réaliste forcément – c’est qu’on n’imaginait pas qu’il existe autant de manières de torturer et mutiler quelqu’un: énucléés, écartelés, éviscérés, écorchés, découpés… la liste des joyeusetés est encore longue. On a beau avoir le coeur bien accroché, l’accumulation des scènes se révèle difficile à supporter même en noir et blanc. Et ce même si l’outrance est telle qu’elle pourrait s’approcher du comique tarantinien; même si le découpage en quatre récits offre une vision complète du phénomène (l’informaticien à l’origine du système, les businessmen du secteur, les tortionnaires, les spectateurs…).
Nourri aux films d’horreur des vidéo-clubs et aux romans de Stephen King, Ed Piskor assume dans sa préface vouloir nous « mettre un peu mal à l’aise ». Sur ce point c’est réussi et pas qu’un peu. Dire qu’il reste encore deux volumes, pourra-t-il aller plus loin encore?

Dessin et scénario: Ed Piskor – Editeur: Delcourt – Prix: 23,95 euros.

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