QUI A PEUR D’EMAD ELLIEIV?
Les tribulations d’Emma née sous le signe des poissons, de la Morue et du Barracuda. Une fable pleine de vie.
Emad Ellieiv a un drôle de nom mais c’est aussi une drôle de petite fille: née sur une île perdue dans une famille de pêcheurs, elle a un crâne en forme de perle et ne parle pas. La sorcière appelée pour prédire son avenir ayant déclaré qu’elle serait « maladroite sur terre et à l’aise dans l’eau », son père décide, alors qu’elle n’a que 10 ans, de la donner en mariage à un vieil instituteur… Mais le seul souci de ce dernier sera de lui apprendre enfin à jouer comme une enfant de son âge.
Kati Kovács est l’un des principaux auteurs féminins de bande dessinée en Finlande et développe un univers bien à elle. Son album « Sirrka, la fille des rues », paru en français aux Editions de L’An 2, prenait déjà comme héroïne une petite fille en rupture avec ses parents et enchaînait les rencontres avec des personnages atypiques. Mais là comme dans ce nouvel album, pas question de livrer une biographie triste et défaitiste. Entre Fred son mari, Madame sa patronne perdue dans le souvenir de son époux militaire disparu en Afrique, Alice le caméléon, l’introverti Krisbert et le gentil Baldo, les rencontres que fait Emad Ellieiv construisent sa vie. Même dans les moments dramatiques, le ton de l’auteure finlandaise reste enjoué tandis que le dessin coloré à l’aquarelle apporte sa propre touche de légèreté. « J’ai toujours eu un grand appétit pour la vie, on pourrait même parler de voracité » avoue celle qui, avec « Qui a peur de Emad Eilleiv ? », signe avant tout un foisonnant hymne à la vie, une incitation à trouver le bonheur malgré les coups du sort et à profiter de l’instant présent.