PROTOCOLE PÉLICAN – Tome 2
Toujours enfermés dans un centre scientifique pour une raison inconnue, des cobayes tentent de comprendre et de fuir. Un huis-clos oppressant absolument passionnant.
Ils sont une dizaine de citoyens ordinaires à se retrouver détenus depuis six mois sur une plateforme offshore transformée en prison à visée scientifique. Pourquoi eux? Dans quel but? Qui a mis au point ce fameux « protocole » que tous doivent respecter, prisonniers (« les unités ») autant que surveillants (« les compagnons ») et scientifiques (« les confidents »)? Mais un jour, les portes des cellules sont ouvertes et tous les compagnons ont disparu. Les unités se prennent alors à rêver à liberté retrouvée imminente…
Le premier tome du nouveau thriller d’anticipation du duo Marazano/Ponzio (« Le complexe du Chimpanzé ») était plein de promesses. Arrivé à mi-chemin de l’intrigue – quatre tomes sont prévus au total avec une parution échelonnée tous les six mois -, le lecteur n’a pas encore de réponses mais l’intérêt ne faiblit pas. Bien au contraire. L’histoire est anxiogène à souhait. On apprend à mieux connaître les « unités » qui pour certaines ont une personnalité de plus en plus intéressante. En particulier, Isabel, l’unité 4 qui n’a de cesse de tenter de s’évader pour aller retrouver son petit frère David et l’empêcher de replonger dans la drogue. Ces énigmatiques expériences socio-psychologiques utilisées dans le récit sont basées sur de véritables expériences comme celle de Solomon Asch, publiée en 1951, qui démontre le pouvoir du conformisme sur les décisions d’un individu au sein d’un groupe, ou bien le concept de Leon Festinger (1956) autour de la dissonance cognitive et de « la rectification d’idées acquises ». Liberté individuelle, capacité de résistance de l’être humain sont donc quelques uns des thèmes passionnants abordés ici.
Les planches de Ponzio, elles, décrivent parfaitement ce huis-clos carcéral. Travaillant ses personnages à partir de photos, le dessinateur renforce le réalisme du récit et nous fait ressentir encore davantage les émotions des personnages. Certaines scènes (le cauchemar d’Isabel…) sont par ailleurs impressionnantes.
Difficile donc, surtout après l’ultime rebondissement de ce deuxième tome, de se dire qu’il va falloir attendre six mois avant d’avoir un début de réponse…
– Dargaud