PHOOLAN DEVI, REINE DES BANDITS

Le destin réel de Phoolan Devi, qui de statut de victime de la barbarie des hommes et de la société indienne passa à celui de justicière. Un hommage réussi.

Après l’Égypte et la France de l’Occupation, Claire Fauvel envoie ses lecteurs au cœur de l’Inde. L’Inde rurale et la puissance du patriarcat qui régit les rapports hommes/femmes (évidemment au détriment des femmes…), l’Inde aussi d’une société de castes profondément hiérarchisée et de traditions parfois barbares. De cette Inde là, Phoolan Devi, assassinée en 2001 à l’âge de 37 ans, en aura été la victime tout au long de sa brève existence… Et c’est cette vie là – sans chercher totalement la vérité historique – que la lauréate du Fauve jeunesse du Festival international de la BD d’Angoulême 2018 et du prix Artémisia de la fiction historique 2018 (« La guerre de Catherine ») raconte en adaptant le roman « Moi, Phoolan Devi, reine des bandits » de Marie-Thérèse Cuny, et en prenant comme point de départ, le mariage de Phoolan à 11 ans avec un trentenaire qui la bat et la viole…

La vie de Phoolan Devi est un parcours semé de drames dont elle se relèvera sans cesse avec rage. Les évènements tragiques quasi insoutenables sont montrés sans fard, le trait est fin et les décors indiens retranscrits avec détails. Le récit de Claire Fauvel reste sobre et évite l’écueil de l’encensement total, la vengeance de Phoolan Devi étant particulièrement sanglante. Difficile pourtant pour le lecteur de rester insensible aux drames vécus par cette indienne féministe et plus globalement éprise de justice qui devint une cheffe dacoït (des bandes armées organisées de brigands) crainte autant que respectée, puis une députée… Une belle façon de rendre hommage à la « reine des bandits ».

Dessin et scénario: Claire Fauvel – Editeur: Casterman – Prix: 22 euros.

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