PDM – PAQUET DE MERDE
L’étonnante autobiographie de Pierre Paquet, le fondateur des éditions suisses. Des tranches de vie qui donnent une autre image de l’éditeur.
De quoi pourrait bien nous parler un éditeur de BD dans un album autobiographique? « PDM » nous apporte une réponse puisque Pierre Paquet, directeur de la maison d’édition du même nom, a choisi de s’y coller. Tout commence en 1995 autour d’un verre. Pierre Paquet a 21 ans et dirige une entreprise de tampons à Genève quand, pour aider un ami dessinateur qui venait d’essuyer un refus chez Casterman, il décide sans réfléchir de se lancer dans l’édition de bande dessinée.
Le Suisse raconte donc notamment son premier et peu glorieux festival d’Angoulême, son incroyable rencontre avec l’artiste Jeffrey Jones pour lui proposer un artbook ou son interminable procès pour une question de droits d’auteur, une expérience traumatisante dont il lui restera une réputation de « méchant éditeur » dans le milieu. Mais si vous pensiez avoir droit à 210 pages en immersion dans le monde de l’édition ou à un guide du genre « je créé ma maison d’édition », c’est raté.
Désireux d’éviter que l’album ne devienne qu’un amas de règlement de comptes, Pierre Paquet parle aussi – et surtout en fait – de sa vie privée dans ces planches expressives confiées à un dessinateur espagnol inconnu, Jesus Alonso Iglesias. « PDM » est donc construit sur des anecdotes, toutes véridiques: ses amis, ses amours, sa sexualité, ses doutes, ses erreurs et puis surtout, comme un fil rouge, son amour des chiens et plus particulièrement celui qu’il porte à Fiston, sa « seule motivation à se battre pour les éditions ». Pas d’auto-promotion ici, le ton n’a rien de complaisant, il est même plutôt sombre. Cette succession d’anecdotes qui font montre de sincérité et d’un certain courage permettent de cerner davantage la personnalité de l’éditeur même si on peut reprocher à cette biographie un certain manque de cohésion, une juxtaposition de petits évènements sans vrai liant entre eux.
A noter enfin que l’album se termine par les premières recherches graphiques de l’album et un mot de Pierre Paquet sur l’amour inconditionnel qu’il porta à Fiston. Une relation telle qu’il a créé une fondation qui porte son nom (www.fiston.ch) et qui ambitionne d’attribuer une bourse annuelle à une personne ou une association qui, à travers le monde, soutient une race animale.
– Paquet