PALMER DANS LE ROUGE

Jack Palmer est chargé de retrouver l’héritière d’un petit Château bordelais. Une plongée caustique au coeur de la petite société viticole.

Après avoir traîné son chapeau mou et son imper trop grand dans le monde de la finance et des paradis fiscaux, des collectionneurs d’art contemporain et des bandits corses, c’est dans le milieu très fermé de la viticulture bordelaise que Jack Palmer fait son retour. Une dernière aventure pour le petit détective privé créé en 1974 par René Pétillon décédé en 2018 mais qui avait pratiquement achevé son scénario avant.
C’est donc Manu Larcenet qui se retrouve aux manettes de cette enquête avinée restée inédite et qui tourne autour de la soudaine disparition de l’héritière de Château Grolo-Laglotte, Bénédicte. Celle-ci s’apprêtait pourtant à épouser John, le fils d’un riche domaine vinicole californien qui devait sauver le château de la faillite. Appelé par Ange Leoni, viticulteur corse membre de la famille rencontré dans « L’enquête corse », Jack Palmer arrive discrètement en bord de Médoc pour retrouver la jeune femme. Mais comme toujours, l’enquêteur aussi maladroit qu’entêté va mettre son gros nez partout et en particulier dans un trafic de faux bordeaux…
L’intrigue est assez classique mais les situations dignes d’un vaudeville, le casting haut en couleurs, le comique de répétition et les dialogues imagés autour du vin fonctionnent bien, à l’instar de cette dégustation avec une oenologue de vins « à l’odeur de basse-cour, de fond de garde-robe, de confessionnal, de cierge éteint »… Le résultat est un portrait mordant et rigolo de la micro-société viticole façon Pétillon. Graphiquement, Larcenet pose de son côté une patte plus ronde et des couleurs plus audacieuses que son aîné. C’est lui aussi qui signe une dernière phrase bien vue en guise d’hommage au Grand prix de la Ville d’Angoulême 1989. Au final, « Palmer dans le rouge » constitue donc un assemblage inédit plutôt savoureux de deux grands auteurs de bande dessinée.

Dessinateur: Manu Larcenet – Scénariste: René Pétillon – Éditeur: Dargaud – Prix: 17,50 euros.

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