PACO LES MAINS ROUGES – Tome 1. La Grande Terre

Un ancien instituteur est condamné au bagne en Guyane. Un sujet puissant traité sans effets superflus. Prenant.

Perpétuité à Cayenne! C’est la peine à laquelle a été condamnée Patrick Comasson, dit Paco, trop heureux d’avoir échappé à la mort. Mais dans le bateau qui l’amène au bagne, l’ancien instituteur se rend vite compte que désormais il va falloir s’imposer pour se faire respecter des autres prisonniers et éviter toutes sortes d’humiliations. Il commence par se faire faire un tatouage dans le dos représentant la Grande faucheuse par un certain Armand, dit La Bouzille.

A travers le témoignage fictif d’un condamné, Vehlmann nous fait découvrir le quotidien effroyable des détenus du bagne guyanais dans les années 1930: les maladies, les châtiments, les viols et le « doublage », cette règle qui voulait qu’une fois purgée leur peine, les bagnards étaient assignés à résidence pour la même durée… Vu que l’espérance de vie dans certains camps ne dépassait pas cinq ans, on imagine que bien peu d’entre eux revenait un jour en métropole…. Bref, un univers qui n’avait rien d’un petit paradis tropical, traité avec réalisme dans le propos mais que le traitement graphique tout en pudeur et le dessin plutôt naïf de Sagot (dessinateur globe-trotter et auteur d' »Arbreville » avec Yeb) rendent moins insoutenable. Grâce à une astuce scénaristique habile, Vehlmann nous offre une description exhaustive: à la suite d’un coup de force marquant en début d’album – qui lui vaudra d’ailleurs son surnom de Paco aux mains rouges -, le héros bénéficie dans ce premier opus d’un statut privilégié et d’une liberté d’allées et venues plus grande que les autres.

Au delà de l’aspect documentaire, « Paco les mains rouges » montre en outre le cheminement d’un homme capable de s’adapter en permanence pour survivre et qui donne l’impression de ne pas éprouver beaucoup d’émotions ni de sentiments. A moins que, finalement?… C’est en tout cas ce que nous laisse supposer la fin de ce premier tome prenant. En attendant la suite du diptyque, les auteurs nous ont réservé un cahier graphique de vingt pages en fin d’album. Au menu, des croquis de personnages et des ébauches de planches.

Dargaud

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