NETTOYAGE À SEC

Boulot, loto, bistrot, dodo. Un livreur de blanchisserie au coeur d’un polar simple mais à la remarquable ambiance urbaine.

A quelques années de la retraite, François a bien un rêve: gagner au loto grâce aux mêmes numéros qu’il joue depuis 17 ans. Mais en attendant, il continue son train-train quotidien: son travail de livreur pour une blanchisserie desservant de riches clients, ses cafés pris au bar du coin, quelques mots échangés avec Maryvonne, la kiosquière, dont il est secrètement amoureux, son petit appartement de célibataire… Jusqu’au jour où un nouveau collègue, imposé par la patronne, vient chambouler cette routine.
Après le remarqué « Béatrice », Joris Mertens signe un 2e roman graphique graphiquement toujours impressionnant, à l’ambiance globalement nocturne où les grandes cases font la part belle aux décors réalistes minutieux et aux couleurs vives des enseignes de la ville et des phares de voiture qui illuminent les pavés trempés, les flaques sur la chaussée ou les rails luisants du tramway.
Contrairement à son précédent album, « Nettoyage à sec » n’est pas muet – même si les dialogues sont relativement peu nombreux – mais il décrit lui aussi la solitude d’un individu perdu dans l’immensité d’une ville grise et humide, grouillante et étouffante. Là aussi, l’intrigue met beaucoup de temps à se mettre en place avant de tourner au polar mais l’atmosphère décrite et la cruelle ironie qui se joue de ce pauvre François, pâle silhouette anonyme parmi d’autres, amenée à disparaître sans que personne ne le remarque, le valent bien.

Dessin et scénario: Joris Mertens – Editeur: Rue de Sèvres – Prix: 25 euros.

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