MON VOISIN LE PERE NOEL
Vous ne croyez pas au Père Noël? Cet album réussi, tant du point de vue du scénario que du dessin, pourrait vous faire changer d’avis.
A l’approche de Noël, on ne sera guère étonné de voir fleurir les bandes dessinées sur le sujet. Bons sentiments et solidarité ont toujours du succès en cette période. Mais « Mon voisin le Père Noël » se démarque du lot: c’est un récit pour adultes, plein de noirceur, qui traite en fait de… l’expiation de nos fautes.
En rentrant du travail, quelques jours après Noël, Georges tombe sur son voisin de palier apparemment ivre et le raccompagne chez lui. Le vieil homme à la barbe blanche prétend ni plus ni moins être le Père Noël! Un « job » qu’il effectue depuis plus de quarante ans afin de se racheter: torturé par la Gestapo pendant la guerre, il a donné le nom de ses camarades résistants qui ont été fusillés sous ses yeux.
Au cas où vous en doutiez toujours, le Père Noël existe et il s’appelle monsieur Claus. Philippe Bonifay n’en fait pas mystère dès le début du récit. D’ailleurs, grâce aux très belles planches aux couleurs chaudes de Béatrice Tillier (« Fée et tendres automates ») et à ses paysages enneigés, la magie de Noël nous gagnerait presque. Certes, on y apprend que le chalet du Père Noël en Suède sert surtout à accueillir les journalistes, que les lutins font partie d’un groupement de nains à la retraite et que les rennes sont prêtés par un éleveur du coin… Mais après tout il faut bien vivre avec son temps! Sauf que, le folklore mis à part, le ton de « Mon voisin le Père Noël » n’a rien d’un conte pour enfants. Le scénario joue avec des thèmes sérieux tels que l’obsession, la culpabilité et la rédemption. Les flash back sont durs et angoissants avec par exemple des scènes de torture et de viol même si celles-ci sont traitées avec pudeur. Quant au rebondissement final, il apporte aussi à l’album un ton définitivement réaliste et sérieux.
« Mon voisin le Père Noël » apparaît comme un album original à une période où parler de Noël l’est beaucoup moins.