MEDICIS – Tome 1. Cosme l’ancien, de la boue au marbre

Comment est née la dynastie des Médicis dont le nom est éternellement associé à l’Italie et Florence en particulier? Premier épisode captivant consacré Cosme l’ancien, mécène puissant et grand stratège politique à la personnalité ambiguë.

Florence. C’est sans conteste l’une des plus belles villes d’Italie qui, à elle seule, réunit 25% des œuvres du patrimoine artistique italien. Une cité auquel le nom des Medicis est toujours associé aujourd’hui. En cinq épisodes, « Medicis » se propose de retracer le destin des personnages clé de la famille durant deux siècles. Considéré comme le premier d’entre eux parce qu’il s’empara du pouvoir alors que rien ne l’y prédestinait, Cosme Medicis, dit Cosme l’ancien, apparaît pourtant d’abord un jeune homme érudit davantage passionné par les voyages d’études – d’où il ramène des textes anciens – que par la banque que tient son père…

Familles ennemies, confrontations d’ego, soif de pouvoir, corruption, complots, meurtres… « Medicis » possède tous les ingrédients d’une bonne saga historique d’autant que les planches réalistes de l’Italien Giovanni Lorusso – avec qui Olivier Peru (« Les Elfes », « Les Maîtres inquisiteurs », « Shaman ») a déjà travaillé sur un épisode de la série d’heroïc-fantasy « Guerre des Orcs » – sont très soignées, en particulier dans les costumes et les décors de la ville (un personnage à part entière ici). On plonge donc avec plaisir dans ce récit prenant, fluide malgré les nombreux dialogues et la complexité des événements. La personnalité de Cosme n’est pas étrangère à l’intérêt que l’on éprouve car ce premier épisode qui lui est consacré montre parfaitement l’ambiguïté du personnage. Le jeune homme humaniste et moderne va progressivement laisser la place à un redoutable homme politique, se servant du peuple comme d’un simple outil pour régner sur Florence, brisant les lois de la République pour mieux noyauter le pouvoir. Au final d’ailleurs, le jeune banquier est-il vraiment devenu quelqu’un d’autre au fil des années ou bien aura-t-il été un incroyable manipulateur du début à la fin, un stratège machiavélique nourrissant les ambitions d’un roi, avançant ses pions avec patience, tissant lentement sa toile autour de Florence, choisissant de mentir jusqu’à la cause de sa propre mort pour mieux protéger son image?

Ce premier tome s’avère donc essentiel pour comprendre comment une famille de roturiers a pu rayonner autant dans l’Europe de le Renaissance . Les livres II à V seront mis en images par d’autres dessinateurs (Eduard Torrents, Lucio Leoni, Francesco Mucciacito et Erion Campanella) et aborderont le destin de Laurent le Magnifique, du pape Borgia, de Cosme 1er et de sa fille Isabelle.

Dessinateur: Giovanni Lorusso – Scénariste: Olivier Peru – Editeur: Soleil – Prix: 14,95 euros.

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