MEDIAENTITY. 01

Accusé d’avoir fait perdre à sa banque 5 milliards d’euros, un trader clame son innocence. En vain. Une série qui démarre très fort, contenus en réalité augmentée à la clé.

Présentée comme une série « transmédia », « MediaEntity » était une des grosses attentes de la rentrée. Il faut dire que le programme est plutôt alléchant: BD « turbomedia » sur le net (comprendre, une lecture case à case sous forme de diaporama pouvant intégrer des animations ou des superpositions de cases); contenu enrichi (vidéos et informations) accessible sur smartphones et tablettes grâce à la réalité augmentée; règles pour un jeu de rôle; et jeux de pistes organisés dans de grandes villes françaises avec des clés USB à trouver… Tout cela à partir de l’histoire d’Eric Magoni, trader réputé à la SCG, qui se rend compte avec effroi que les transactions quotidiennes effectuées en son nom affichent plus de cinq milliards d’euros de pertes! Or ce jour là, il était absent de son bureau, occupé dans les bras de sa maîtresse. Mais cette dernière dément et Magoni devient le coupable idéal…

S’il est encore trop tôt pour juger du succès des jeux de pistes et jeux de rôle, la réalité augmentée peut facilement être testée pour peu que l’on possède une tablette ou un téléphone: une fois l’application téléchargée, il suffit de repérer les pages dotée du pictogramme « ME » et de « scanner » la page entière avec son écran. En fait, il n’y a rien dont le lecteur ne puisse se passer dans le contenu proposé (des messages téléphoniques enregistrés sur un téléphone, la vraie interview du PDG de la société MediaEntity, des photos, etc) mais c’est bien imaginé et l’attrait de la nouveauté fonctionne. Dommage toutefois que les pages siglées « ME » soient toutes concentrées en début et fin d’album et pas disséminées au fil des 64 pages de « MediaEntity ». Résultat, l’album se lit tout à fait traditionnellement.

Dès lors, on se rend compte rapidement que tout n’a pas été mis dans l’innovation: en tant que BD « traditionnelle », « MediaEntity » est de qualité. Conçu d’abord pour le web et l’écran, le découpage du récit est très fluide et dynamique, proche de la narration cinématographique, notamment dans les scènes d’action. Signé par Emilie qui vient du cinéma d’animation, le dessin est lui-même très lisible. Immédiatement, le lecteur plonge dans cette histoire qui rappelle évidemment la fameuse affaire Kerviel, ce trader de la Société Générale qui serait responsable, à hauteur de 4,82 milliards d’euros, de pertes découvertes en 2008. Complot, notions de vie privée et d’identité, petit groupe de résistants au fichage de la société, les autres ingrédients sont ceux de nombreux scénarios existants. Mais c’est sans conteste très efficace. Bref, une bonne surprise à découvrir en attendant le deuxième tome qui paraîtra en janvier 2014 elles suivants respectivement en juin et octobre 2014.
– Pour en savoir plus: www.mediaentity.net/.

Delcourt

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