LUCKY LUKE – La belle Province

Achdé et Gerra signe le grand retour de l’homme qui tire plus vite que son hombre. Direction le Québec pour cette nouvelle aventure. Graphiquement réussie, lourdingue côté scénario.

Après quelques années de silence liée à la mort de son créateur, Lucky Luke remonte à cheval. Et pour succéder à Morris au scénario, ce n’est autre que l’imitateur Laurent Gerra qui s’y colle, avec Achdé au dessin.

Pour son grand retour, l’homme qui tire plus vite que son ombre passe pour la première fois en territoire francophone, direction le Québec, sur les traces d’une jolie jument dont Jolly Jumper est tombé amoureux. Le cow-boy, son cheval et Rantanplan arrivent donc dans une bourgade québécoise dominée par Mac Habann, un banquier anglophone qui rachète tous les commerces pour y installer des établissements de restauration rapide.

Comment imaginer le Québec sans penser immédiatement à un certain nombre de chanteurs, d’expressions et autres particularismes locaux? L’occasion était sans doute trop belle pour Laurent Gerra de faire manger à son héros de la poutine (un plat « léger » à base de frites, de fromage fondu et de sauce brune), de rouler les méchants dans des plumes et du sirop d’érable ou de croiser une certaine Céline – surnommée « le rossignol des Laurentides » et chantant comme un « orignal très enrhumé » – et un Robert Charlebois en client de saloon. Sans parler de personnalités bien de chez nous comme un « Joshua“ Bové façon paysan québécois ou un Guy Lux en animateur de rodéo. Autant de personnages qui truffent leurs discussions d’inévitables « tabernac », de « criss » et de « maudit ».

L’idée n’était pas forcément mauvaise et avec ces jeux de mots, Laurent Gerra aura sans doute voulu appliquer la recette de Goscinny du temps où il oeuvrait au scénario. Mais à accumuler clins d’œil et gags, l’humoriste en a oublié le scénario qui apparaît du coup bien décousu. Au final, hormis l’univers graphique de Morris bien respecté par Achdé, ce nouveau « Lucky Luke » n’a pas grand chose à voir avec l’original. Pauvre cow-boy solitaire…

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