L’OUTREMANGEUR

Publié initialement en 1998, « L’Outremangeur » est réédité à l’occasion de la sortie du film éponyme, avec Eric Cantona. Un album qui se dévore d’une traite.

Le commissaire Séléna ploie sous ses 160kg mais aussi sous le poids d’un mystérieux sentiment de culpabilité. Boulimique et mal dans sa peau, Séléna apprend qui plus est qu’il n’a pas plus de deux ans à vivre s’il ne suit pas un régime. Ainsi, lorsque dans le cadre d’une enquête sur un meurtre, il réunit des preuves contre la belle Elsa, il lui vient une idée originale: en échange de son silence, la jeune fille doit venir dîner chez lui, chaque soir pendant un an. Parviendra-t-il de cette manière à perdre ses kilos?

Publié initialement en 1998, « L’Outremangeur » de Tonino Benacquista et Jacques Ferrandez est réédité à l’occasion de la sortie du film éponyme, avec Eric Cantona dans la peau de Richard Séléna. Le sujet de « L’Outremangeur » est original: il ne s’agit pas d’une enquête policière, on apprend d’ailleurs l’identité de l’assassin rapidement. Le véritable fil rouge de ce one-shot est la souffrance d’un homme (pour l’anecdote, Ferrandez lui a donné, en forçant la silhouette, les traits de Benacquista) qui se réfugie désespéremment dans la boulimie et qui doit affronter au quotidien le regard des autres et leurs moqueries.

Au début, le personnage est fortement antipathique puis on découvre un homme blessé, solitaire et l’homme reprend un peu d’humanité. Le découpage y est pour beaucoup. Certaines scènes symboliques (et silencieuses) s’étalent sur une planche entière comme celles de cet obèse, solitaire sur un banc entouré de pigeons, ou impuissant face à son frigo rempli de victuailles. A travers le dessin épuré de Ferrandez et des couleurs sobres à l’aquarelle, on suit la transformation du personnage: sa veste et sa chemise, noires au début, s’éclaircissent; il se met à porter une cravate de couleur; il prend aussi de moins en moins de place dans la case, il respire…

« L’outremangeur » se lit d’une traite. Qui aurait pu penser qu’on puisse suivre avec autant d’intérêt le quotidien d’un homme en train de faire régime ? !

Cette réédition 2003 s’accompagne d’un livret sur le film de Thierry Binisti comprenant des photos, des dessins du tournage par Ferrandez, une interview croisée de Cantona, Ferrandez et Benacquista.

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