LOMAX, Collecteurs de folk songs

Un père et son fils sont missions pour collecter à travers le sud des Etats-Unis les chants folkloriques de la musique noire traditionnelle. Un road-trip musical et historique et un bel hommage à des artistes de blues connus ou anonymes.

Visiblement Frantz Duchazeau aime le blues et le blues le lui rend bien. Après le bon « Le Rêve de Meteor Slim » dans lequel il racontait le destin d’Edward Ray Cochran qui avait quitté job, femme et bébé pour vivre sa passion, il nous emmène cette fois dans les pas de John et Alan Lomax, un père et son fils missionnés par la bibliothèque du congrès de Washington en 1933 pour effectuer une campagne d’enregistrement de ballades, de blues et de folk song. Objectif: préserver le passé avant qu’il ne disparaisse. C’est donc phonographe enregistreur sous le bras qu’ils sillonnent le sud des Etats-Unis partout où chantent les Noirs.

L’aventure des Lomax père et fils est une histoire vraie et c’est en s’inspirant des écrits du fils, âgé de 18 ans au début de la mission, que Duchazeau a monté son récit. On s’y croirait: des chants graves ou enjoués (qu’on écoute avec les yeux) à la misère en passant par le racisme ordinaire de cette époque dont les « Nègres » étaient victimes, exploités, humiliés voire lynchés ou pendus à la moindre occasion malgré l’abolition de l’esclavage depuis des décennies. Au delà du simple aspect musical donc, l’album donne un idée de l’ambiance sociale et politique de l’époque dans une Amérique conservatrice et rurale, entre douleur, rancoeur et espoirs des Noirs américains. Dans leur quête musicale et refusant la ségrégation, les Lomax sont allés donnés la parole aux « sans voix » dans tous les lieux improbables, qu’il s’agisse de fermes pénitentiaires, de prisons, de petites églises dans les bois ou bien de bistrots de La Nouvelle-Orléans. Autant d’univers efficacement retranscris par de belles planches en noir et blanc. Ne manque plus qu’un CD des chansons découvertes pour accompagner la lecture…

Dargaud

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