LIVERFOOL – L’Histoire vraie du premier manager des Beatles
Parce que Brian Epstein n’a pas été le seul manager des Beatles et parce qu’au tout début il y eut Allan Williams, Gihef et Vanders ont décidé de lui consacrer un album. Le récit commence de nos jours. Des jeunes Français en vacances en Angleterre rencontrent un homme qui se présente comme « le tout premier manager des Beatles » et qui, contre cinq livres sterling, propose de leur raconter son histoire… « LiverFool » raconte donc le parcours de ce plombier devenu gérant de bar, de boîte de nuit et manager. Un passionné, « businessman malchanceux ou formidable loser », qui rata la chance de sa vie en se faisant jeter par quatre garçons qui n’étaient pas encore entrés dans la légende.
L’histoire est-elle vraie? Volontairement, les auteurs laissent planer le doute car au fil des années et de ses interviews, les déclarations et les anecdotes de Williams ont changé. Le « vraie » de « histoire vraie » dans le sous-titre n’est-il pas ironiquement barré et le titre même de « Liverfool » ne rappelle-t-il pas à la fois Liverpool, la ville d’origine du groupe, et le mot anglais « fool » signifiant à la fois « idiot », « fou » et « tromper ». Allan Williams était-il un idiot pour ne pas avoir su garder les Beatles ou un mythomane désireux de faire partie lui aussi du mythe? Gihef (scénariste pour l’occasion) et Vanders ont en tout cas fait un travail de documentation en se rendant quelques jours à Liverpool. Des premiers concerts dans les bars miteux de la ville jusqu’au « Cavern Club » où Brian Epstein vit jouer les Beatles pour la première fois, le résultat est plutôt efficace avec des planches en noir et blanc à base de lavis et d’encre qui soulignent l’ambiance sombre des clubs de Liverpool et des quartiers glauques de Hambourg: « la bière tiède, le tabac froid, le vomi, l’urine trop alcoolisée et le sperme séché »…
Avec cette description inattendue des débuts des Beatles – « j’avais déjà entendu des marteaux-piqueurs moins bruyants » raconte Allan Williams – « Liverfool » pourra trouver sans problème sa place dans la bibliothèque des fans des Fab Four (ou de curieux), à côté du « Petit Livre des Beatles » d’Hervé Bourhis (Dargaud) par exemple.