L’HOMME SANS SOURIRE
Il y a ceux d’en haut qui doivent rire et ceux d’en bas pour qui c’est formellement interdit… comment faire quand ont fait partie du bas peuple mais qu’on est joyeux de naissance? Un univers dystopique sombre à la conclusion étonnante.
L’homme sans sourire, c’est M.Hubert 31-36, porteur d’une cicatrice en forme d’éternelle moue depuis que, nourrisson, il a ri. Car dans son royaume où la police traque impitoyablement tout contrevenant, les gens du bas peuple n’ont ni le droit de rire ni même de sourire, juste de travailler. Rire est réservé aux membres de la famille royale dont les deux frères s’écharpent pour le pouvoir: Monsieur Joyeux, le roi et un dépressif chronique en réalité, et Fol Espoir, joyeux bonhomme très apprécié de sa nièce écervelée Carmine.
« L’homme sans sourire » est une fable sombre absolument déstabilisante, une dystopie assez difficile à lire mais à la fin géniale… Il serait donc dommage de ne pas aller jusqu’au bout de cette histoire aux décors soignés qui promet à intervalles réguliers que « tout fera sens à la fin »… Il faut bien ça car la voix off omniprésente qui s’adresse en vers à la fois au lecteur et aux personnages rend la narration pesante et finit par prendre le pas sur l’intrigue elle-même. Puis vient la conclusion, inattendue, intime et touchante. On ne peut évidemment la révéler ici mais sachez que tout est alors remis en perspective. Et alors que la première lecture s’avérait laborieuse, une seconde lecture apparait incontournable pour découvrir l’histoire d’un autre œil. Encore faut-il être parvenu de l’album la première fois. Le pari est osé.
Dessinateur: Stéphane Hirlemann – Scénariste: Stéphane Louis – Editeur: Casterman – Prix: 16,90 euros.