L’ÉTÉ À KINGDOM FIELDS

Une mère et ses deux enfants partent en vacances dans un petite station balnéaire britannique. Au menu : ennui et mélancolie. Un album particulier au partis pris graphique bien pensé.

Kingdom Fields, une petite station balnéaire britannique et son alignement de bungalows. C’est la destination estivale d’une mère de famille qui veut faire découvrir à ses deux enfants, Andrew et Suzy, là où elle passait ses vacances petite. La station n’a rien d’exotique mais « L’été à Kingdom fields » pose d’emblée les bases d’un récit particulier. Non pas que les famille va vivre d’incroyables aventures. Bien au contraire, il ne se passe rien. Ou pas grand chose. Le cadavre d’un animal, une visite au musée parce qu’il pleut dehors, une courte visite à une tante qu’on n’a pas vu depuis plus de dix ans, ou la (re)découverte d’une grotte idéalisée par les souvenirs et jonchée de détritus.
Pour raconter tout ça, ainsi que le temps qui s’écoule lentement et l’ennui qui engourdit, Jon McNaught use d’une succession de vignettes (jusqu’à 35 par planche !) décomposant chaque action du quotidien et s’arrêtant sur les moindres détails du décor, les bruits environnants y compris. Les aplats de couleurs limités au rouge et au bleu, le jeu sur le noir et la lumière et les tendances géométriques parfois témoignent d’un travail graphique maîtrisé. Est-on capable de suivre par exemple en 45 petites cases le passage d’Andrew aux toilettes d’une station-service sans lâcher l’album des mains ? La réponse est oui. Tout le talent de l’auteur est donc là. Comme celui de réaliser une BD qui tout en partant de l’ordinaire parvient à en sortir.

Dessin et scénario : Jon McNaught – Editeur : Dargaud – Prix : 18 euros.

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