L’ENDORMEUR – Tome 2. Interzone

Pour sauver son bébé du sommeil éternel, Merlin est passé de l’autre côté du miroir. Suite intrigante de ces « aventures névrotiques fantastiques » audacieuses.

Alors que Merlin est toujours de l’autre côté du miroir à la recherche de l’Endormeur pour sortir son fils Samos du sommeil éternel dans lequel il l’a accidentellement plongé, il arrive dans un drôle de village au milieu du désert, Menzaret. « Un nid de vipères au milieu de l’enfer » affirme une sorte de mage qu’il rencontre. Ce n’est rien de le dire, les villageois, adeptes de sectes diverses, commencent à s’entretuer pour lui… Alors qu’il tente de leur échapper, il s’envole!

L’été dernier, on était tombé sous le charme de ce drôle de conte moyenâgeux fantastique prévu en trois tomes. Fauve du prix de l’audace 2012 à Angoulême pour « Teddy Beat », Morgan Navarro n’a perdu de son inventivité ni de son goût pour les ambiances oniriques et absurdes en noir et blanc. D’un trait simple, les rencontres folles se succèdent au gré des rebondissements et des passages de miroirs: femme voilée nymphomane, créatures décharnées suceuses de sang, dictateur cruel, sortes de divinités à tête d’extraterrestre chargées de remplir le paradis de bonnes âmes… Si ce deuxième tome est parfois plus difficile à suivre que le précédent, il démontre néanmoins un scénario construit, derrière toute cette fantasmagorie: Merlin n’est pas là par hasard. Ses origines ne sont pas étrangères à sa présence de l’autre côté du miroir et c’est avec la mission de sauver les âmes de l’enfer qu’il repartira. Et comme dans « Château rose », le premier opus, on ne manquera pas d’y voir également des interrogations plus philosophiques sur le rôle du père ou les dérives de la religion.

Delcourt

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