LE MARQUIS D’ANAON – Tome 3. La Providence
Jean-Baptiste Poulain embarque pour l’Espagne en charmante compagnie. Mais la traversée tourne au cauchemar quand l’équipage croise la route de ce qui semble bien être un navire fantôme. Une bonne série mais un scénario un peu vite expédié.
Invité par une comtesse espagnole à la suivre en Espagne où elle veut créer un salon littéraire, Jean-Baptiste Poulain alias le Marquis d’Anaon embarque avec elle. Mais lors d’une tempête, leur navire croise «La Providence», un bateau-épave dont l’équipage entier est mort dans d’étranges circonstances.Très vite, les marins qui ont exploré «La Providence», sont atteints d’étranges maux : fièvres, hallucinations, tétanie, mort. Malédiction ? œuvre du diable ? La panique envahit l’équipage.
Chacune des aventures de Jean-Baptiste Poulain s’inspire semble-t-il de légendes célèbres. Le premier tome reprenait le mythe de l’ogre dans un décor angoissant de lande bretonne, le deuxième s’inspirait de la bête du Gevaudan sur fond de forêt enneigée. Dans ce troisième opus l’allusion au Hollandais volant, fameux navire fantôme du XVIIe siècle, est évidente.
Certes, le thème a déjà été maintes fois utilisé. La différence est que dans « Le marquis d’Anaon », le héros est une sorte de médecin psychanalyste qui veut faire triompher la raison sur l’obscurantisme. Les évènements qui apparaissent aux yeux du personnage lambda comme une manifestation surnaturelle voire diabolique sont donc démontés par un Marquis décidément très cartésien. Sur ce point, ce troisième tome n’échappe pas à la règle et les explications superstitieuses et irrationnelles des matelots s’effondrent rapidement.
Trop rapidement même, c’est là le seul hic de l’album. Dans cet épisode, le côté surnaturel de la maladie ne tient pas plus de quelques planches et très vite l’intrigue perd l’essentiel de son suspense. Dommage car l’ambiance oppressante d’individus en danger de mort coincés en pleine mer et plongés dans la brume est particulièrement bien rendue. Et le trait épais de Matthieu Bonhomme sied à merveille à la noirceur de l’histoire.
L’album reste néanmoins de très bonne facture car comme d’habitude, l’intrigue a aussi comme objectif de décrypter un peu de l’âme humaine. Ici, le Marquis d’Anaon – surnommé d’ailleurs « le marquis des âmes en peine » – découvrira que, bien avant la maladie elle-même, c’est la folie des hommes qui va précipiter leur mort en les conduisant à s’entretuer.
– Dargaud