LE LAIT PATERNEL – Tome 1. Les errances de Rufus Himmelstoss

Un homme raconte la descente aux enfers de son père qui avait disparu de la circulation 30 ans auparavant et qu’il ne revoit qu’à son décès. Une histoire familiale douloureuse captivante.

En ce jour de juin 2005 lorsque Victor vient voir son père Rufus dans son cercueil, cela faisait 30 ans que ce commercial fêtard et coureur de jupons invétéré n’avait plus donné de signe de vie. Que s’est-il passé? Qu’a-t-il fait pendant toutes ces années?
Pour raconter la vie de Rufus Himmelstoss, Uli Oesterle s’est inspiré de son propre père, démissionnaire lui aussi, même si bon nombre d’éléments ont été imaginés. Quatre tomes sont prévus dans lesquels on suit simultanément Rufus à partir de 1975 à travers des planches dans les tons marrons et Victor en 2005 dans une teinte violette. Alors que les pages consacrées au premier montrent la déchéance sociale d’un homme égoïste qui a brûlé la vie par les deux bouts, celles mettant en scène la vie du fils devenu adulte ne sont guère plus reluisantes. Son père était commercial, lui est illustrateur mais l’un comme l’autre ont une vie de famille compliquée, délaissant femme et enfant, ne sont pas non plus les derniers à picoler…
L’album au graphisme séduisant et à l’impression de qualité se déroule un peu trop lentement – démarré à l’été 1975, ce premier tome se termine au printemps 1977 – mais permet aussi de bien poser les personnages.
Cette sorte de jeu de miroirs qui interroge sur l’image de la figure paternelle, les relations filiales et leur reproduction d’une génération à l’autre comme une sorte de malédiction donne en tout cas très envie d’en apprendre davantage sur la vie de Rufus Himmelstoss après 1977.

Dessin et scénario: Uli Oesterle – Editeur: Dargaud – Prix: 19,99 euros.

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