LE JOUEUR D’ÉCHECS

Le champion du monde d’échecs affronte un inconnu dont le talent pour le jeu cache un terrible secret. Une adaptation d’une nouvelle de Stefan Zweig, superbement mise en image par David Sala.

Lors d’une longue traversée en paquebot, de New York à Buenos Aires, quelques passagers désoeuvrés affrontent le champion du monde d’échecs. Ce dernier n’a aucun mal à venir à bout de ses adversaires jusqu’à ce qu’un aristocrate viennois – un certain M.B qui affirme ne pas avoir joué depuis 25 ans – se mêle de la partie… Adapté d’une oeuvre majeure de Stefen Zweig écrite en 1941, « Le joueur d’échecs » est une dénonciation de la barbarie nazie et de ses tentatives de déshumanisation. C’est aussi la dernière nouvelle écrite par l’auteur autrichien avant son suicide.

Après « Cauchemar dans la rue » adapté du roman de Robin Cook, David Sala se lance donc dans une nouvelle adaptation littéraire, une nouvelle reposant sur une mise en abyme et transcendée par un travail graphique remarquable. Car pour expliquer qui est ce fameux M.B et d’où lui vient son talent pour les échecs, pour nous faire comprendre comment un échiquier a pu lui permettre de résister à la torture nazie mais aussi lui faire perdre la tête, Sala plonge le lecteur dans des planches jouant à fond sur la géométrie. Celle du découpage en gaufrier, celle des cases superposées, celle des papiers peints, des parquets et des carrelages, en 3D ou non… Multipliant les cases panoramiques, muettes et/ou hallucinatoires, il nous embarque dans le cerveau d’un homme abîmé, sur fond de couleurs directes aux tons froids de gris, vert et pourpre. Une adaptation réussie, très personnelle et picturale – qui rappelle parfois Klimt -, dont on peut découvrir la genèse en fin d’album grâce à un cahier d’esquisses.

Dessin et scénario: David Sala, d’après Stefan Zweig – Editeur: Casterman – Prix: 20 euros.

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