LE DESESPOIR DU SINGE – Tome 1. La Nuit des lucioles
Un vent révolutionnaire souffle sur la ville et le destin de Josef et Vespérine bascule.Le premier tome d’une nouvelle série sur l’amour, la difficulté à faire des choix et l’engagement politique. Un excellente surprise.
Il est des événements qui changent le cours d’une vie. La révolte qui souffle sur une ville de pêcheurs dont la mer disparaît inexorablement et la répression qui s’ensuit sont de ceux là. Et c’est l’histoire de deux jeunes gens qui – par peur de blesser et surtout par manque de courage et de volonté – auraient pu passer à côté de leur destin que content Alfred et Peynaud dans un premier tome des plus prometteurs: d’un côté, Josef qui avait le talent nécessaire pour devenir un grand peintre mais qui a préféré reprendre la fabrique d’éponges de son père. Il est en outre fiancé à Joliette, jeune femme amoureuse mais dont lui n’est pas vraiment épris. De l’autre, Vespérine, épouse d’un opposant politique paralytique qui la trompait avec son accident et aujourd’hui bien incapable de l’abandonner à son triste sort dans sa chaise roulante. Entraînés par le tourbillon politique, les deux jeunes gens vont pourtant devoir faire des choix. Enfin.
Si le contexte est plutôt politico-écologique – on pense d’ailleurs à une sorte de ville d’URSS au bord d’un Oural asséché -, dans « Le désespoir du singe » il est surtout question de sentiments. Un domaine auquel est rompu Peyraud puisque sa série « Premières chaleurs » dissèque avec réalisme depuis cinq albums les amours de jeunes trentenaires urbains bien de notre époque. Ici l’atmosphère créée par Alfred (« Abraxas ») est plus confuse: les milices gouvernementales schématisées par des ombres noires grimaçantes aux yeux rouges confèrent un peu de surnaturel au récit tandis que la ville a le charme désuet de la fin du 19e-début 20e, tout en se situant quelque part dans un régime totalitaire d’Europe centrale. Une ambiance particulière donc mais c’est toujours d’amour dont le scénariste nous parle: Josef et Vespérine, Josef et Joliette, Vespérine et son mari, mais aussi Edith la tante libertine et son ami Lazlo. Autant de couples dont la relation cache bien des épines à l’instar du Désespoir du singe. Cet arbre qui donne son titre à l’album est surnommé ainsi parce qu’il « ne laisse aucune prise à l’escalade. Notre liaison est comme cet arbre. Elle ne peut se laisser envahir par les sentiments » explique d’ailleurs Vespérine à Josef.
A l’issue de ce premier tome, tous les ingrédients sont réunis pour un grande aventure romantique. Prévue sur quatre tomes au total, elle promet d’être passionnante.
– Delcourt