L’AVOCAT – Tome 1. Jeux de loi

Un avocat très médiatique est amené à défendre un bourreau. Début très dense d’une série accrocheuse.

Surnommé par ses partisans l’« avocat des gueux » parce qu’il s’est fait le défenseur des laissés-pour-compte et des causes nobles – une jeune musulmane qui poignarde son mari violent, une association de soutien aux sans-abri, des faucheurs d’OGM, des ouvriers de Goodyear… -, Maître Léopold Sully-Darmon choisit contre toute attente de défendre Zeinab Zaïdi accusée par des réfugiés irakiens en France de crimes contre l’humanité à l’époque où elle était officier dans l’armée de Saddam Hussein.

Annoncée sur un cycle de trois tomes (mais potentiellement suivie d’autres), cette nouvelle série démarre sur un scénario très dense car outre l’intrigue liée à la cliente irakienne, ce sont les multiples facettes de la personnalité du brillant avocat que Galandon et Giroud commencent à développer. Et le bonhomme semble sacrément complexe: rappelant fortement Jacques Vergès devenu célèbre pour avoir défendu le nazi Klaus Barbie ou le terroriste Carlos, Léopold Sully-Darmon est comme lui métis (mais à moitié Camerounais), a un trou de quelques années bien mystérieux dans son passé (il aurait fait un tour du monde…) et n’aime rien mieux que briller devant les médias. L’avocat est par ailleurs rongé par le passé de son père, officier du Sedoc (« filiale » camerounaise des services secrets français qui s’illustra dans les années 60 par sa pratique de la torture et des exécutions sommaires), et il entretient une relation mystérieuse avec une femme voilée qui l’est tout autant… Heureusement, les deux scénaristes s’en sortent très bien: le récit est fluide, prenant de bout en bout, et tous ces pistes laissent augurer d’une suite des plus intéressantes. Graphiquement, si le trait de Volante (« Shahidas ») manque de dynamisme, les planches restent soignées et propres. Un premier tome accrocheur, très prometteur donc.

Dessinateur: Frédéric Volante – Scénariste: Laurent Galandon et Frank Giroud – Editeur: Le Lombard, collection Troisième Vague – Prix: 12 euros.

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