LA VIE DE MA MÈRE – Tome 1. Face A

Le quotidien d’un gamin paumé, en échec scolaire, dans une société qui ne veut pas de lui. Des dialogues très crus pour cette oeuvre adaptée d’un roman de Jonquet.

Kevin est en 6e SES (Section d’Education Spécialisée) et n’a pas d’autre horizon que son quartier de Belleville. Pour tromper l’ennui, il passe son temps à faire des bêtises avec ses copains « rebeus » et « keublas » de la cité. La chance semble lui sourire un peu quand il rencontre Clarisse, d’un milieu social supérieur au sien, et qu’il fait des progrès en classe. Mais parce qu’au fond ce n’est pas un mauvais garçon et qu’il veut gagner de l’argent pour aider sa mère, il intègre une bande de petits délinquants…

« La vie de ma mère » est la chronique d’une vie ordinaire dans une cité parisienne ordinaire. Le quotidien d’un gamin paumé, en échec scolaire, dans une société qui ne veut pas de lui. Thierry Jonquet et Jean-Christophe Chauzy (déjà auteurs de « La Vigie ») ne jugent pas, ils se contentent de dresser un constat à travers les yeux de Kevin qui est le narrateur de l’histoire. Kevin n’est qu’un enfant, il ne comprend pas tout, mais est déjà désabusé. Les dialogues sont très crus, la plupart du temps en verlan et en argot. Ils traduisent – comme certaines situations décrites – le racisme, la mysogynie, la violence et la misère sociale omniprésentes dans la cité.

Certaines scènes semblent toutefois un peu stéréotypées (Clarisse la petite bourgeoise qui joue du violon et dont les amis qu’elle invite à son anniversaire s’appellent Marie-Cécile ou Edouard) ou improbables (Kevin qui s’émeut jusqu’aux larmes en ouvrant un classique de la littérature française, la mère de Clarisse qui dès la première rencontre propose au gamin de venir faire ses devoirs chez elle).

Mais le petit rouquin en jogging de chez Tati, reflet d’une génération perdue, reste attachant avec ses taches de rousseur et ses premiers émois amoureux. On se laisse prendre par l’histoire et le dessin aux couleurs vives et gaies paradoxalement. Mais alors que l’on pense que l’horizon de Kevin s’éclaircit, la fin de « Face A » nous laisse craindre une issue plus dramatique pour l’autre « face »…

« La vie de ma mère  » est adapté du roman éponyme de Thierry Jonquet, paru chez Gallimard et désormais disponible dans la collection Folio.

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