LA MERE DES VICTOIRES

Dans un pays où la guerre est devenue un show télévisée, l’émission « Conflit direct » s’apprête à tester sur le terrain une nouvelle machine de guerre qui promet de booster l’audience. Un récit de SF au graphisme de qualité dont le scénario aurait mérité toutefois un album de plus.

Faire de l’audimat avec la guerre, c’est le credo de l’émission de téléréalité « Conflit direct ». Star du show, le capitaine Katana Raijuro est également l’un des concepteurs de « la mère de victoires », un nouveau blindé en passe d’être testé en zone de guerre. Mais alors qu’il pensait s’en charger, il est évincé de son lancement au profit du fils de sa supérieure (et amante) et relégué à l’entraînement des stagiaires.

Après avoir dessiné « Le magicien d’Oz » (Delcourt, avec Chauvel) et réalisé « Les libérateurs » (Paquet), Enrique Fernandez passe à la science-fiction. Signe des temps sans doute, l’idée d’un univers dans lequel la guerre est devenue un show télévisé est de plus en plus à la mode. On pense notamment à « Cyclopes » de Jacamon et Matz dans lequel la guerre est retransmise en direct à la télévision par des caméras embarquées sur les soldats. La téléréalité est aussi un des sujets de prédilection de Jean-David Morvan (« Reality show »).

Le jeune auteur espagnol surfe donc sur ce sujet et s’en sort plutôt bien: le cadre est vraisemblable et le récit – certes un peu confus par moments – est bourré d’action et d’explosions en tous genres. Reste que le choix d’un one-shot n’était pas forcément le plus judicieux ici: la juxtaposition de deux angles sur 64 pages – la téléréalité et la guerre d’une part, la relation complexe de Katana avec sa supérieure d’autre part – empêche de développer suffisamment chacun d’eux. Résultat, le lecteur reste un peu sur sa faim.

C’est d’autant plus dommage que graphiquement, « La mère des victoires » frappe l’oeil grâce au trait arrondi très cartoon de l’Espagnol, à ses personnages qui ont de vraies « gueules » et aux jolies couleurs privilégiant les teintes froides réalisées à l’ordinateur.

Delcourt

Share