LA FEMME DÉFIGURÉE – Volume 1

Trois nouvelles de la « reine du manga d’horreur ». Un recueil de trois récits de qualité inégale mais qui parvient au moins pour les deux premiers à remplir son rôle, faire peur.

Trois nouvelles, trois histoires tout droit sorties d’un film d’horreur: celle d’abord d’une inquiétante femme qui cache une partie de son visage et guette les petites filles à la sortie de l’école; celle ensuite de Kageyo qui ne semble guère en forme depuis qu’elle a ramassé dans le caniveau des sortes de limaces; celle enfin de la métamorphose de Shizuko, une jeune fille au physique très quelconque qui décide de s’arranger en se maquillant.

Delcourt se lance à son tour dans le manga horrifique (kowaï manga). A travers trois histoires de 20 à 100 pages, Kanako Inuki (« School Zone », « Bukita Kun ») nous invite donc à plonger dans un genre typiquement féminin au Japon dont elle est d’ailleurs l’une des créatrices.

C’est la première nouvelle qui donne son nom au manga et ce n’est certainement pas un hasard car aussi bien graphiquement qu’émotionnellement, il s’agit de la plus réussie: une ambiance sinistre à souhait, un découpage cinématographique avec des gros plans sur le visage monstrueux de la femme et des apparitions soudaines qui nous feraient presque sursauter, bref le lecteur se met facilement dans la peau des enfants tour à tour angoissés, terrifiés et torturés. Le graphisme est assez particulier – des visages très ronds sans menton et des yeux globuleux – mais on finit par s’y faire.

Ce style graphique se retrouve bien sûr ensuite. Mais peut-être les nouvelles suivantes sont-elles antérieures à « La femme défigurée », toujours est-il que le trait comme le découpage y sont moins aboutis. La différence est surtout flagrante dans le troisième récit. Celui-ci, intitulé « Possession cosmétique », est d’ailleurs anecdotique: trop court, il manque de profondeur et ne parvient pas à créer l’ambiance glauque et inquiétante nécessaire à ce genre de mangas. On est d’autant plus déçu que la deuxième nouvelle (« Les mollusques mutants ») était de meilleure qualité. Même si on devine très vite le fin mot de l’histoire (des humains qui se transforment en limaces), le récit est bien mené et angoissant. Sans parvenir à l’égaler, il rappelle « Spirale » de Junji Itô, qui évoquait de semblables métamorphoses.

Un second recueil de trois nouvelles devrait paraître cette année.

Delcourt

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