LA CHAMBRE DES OFFICIERS

La lente reconstruction d’un jeune lieutenant défiguré par un éclat d’obus. L’adaptation du livre de Marc Dugain, hommage au « Gueules cassées ».

La Première Guerre mondiale vient à peine d’éclater qu’Adrien chargé de repérer dans la Meuse les endroits les plus adaptés pour installer des ponts mobiles est défiguré par un éclat d’obus allemand. Envoyé au Val-de-Grâce, le jeune lieutenant y restera cinq années ponctuées de multiples opérations chirurgicales, aux côtés d’autres compagnons d’infortune.
Ce sont essentiellement ces cinq années de vie entre parenthèses que conte « La chambre des officiers ». Cinq ans passés hors du monde, dans une pièce sans miroir, mais riche en émotions négatives ou positives: l’angoisse de ne plus jamais être le même, l’épreuve du terrible regard des autres, des amitiés fortes qui se nouent – le pilote au visage brûlé, le cavalier borgne et sans menton, l’infirmière sourde au visage mutilé – et le souvenir de la femme qu’il aime, rencontrée juste avant son départ pour la guerre.
La Guerre 14-18 aura fait quelque 300.000 « Gueules cassées » en Europe dont 15.000 en France, dont le grand-père de l’écrivain Marc Dugain, et son récit est une manière de leur rendre hommage. La bande dessinée de Charlot (« Bourbon island », « Ellis Island ») et Grand (« Les enfants de la liberté ») est restée proche du roman en en respectant la chronologie et en en intégrant des extraits en tête de chapitres. Le trait est réaliste mais parvient à montrer l’horreur des blessures avec sobriété, loin de tout sensationnalisme. On se rend compte également combien le conflit et les « Gueules cassées » ont permis à la chirurgie reconstructrice maxillo-faciale, une spécialité jusque là balbutiante, de connaître d’énormes avancées.

Dessinateur: Alain Grand – Scénariste: Philippe Charlot – Editeur: Grand Angle – Prix: 26,90 euros.

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