JOURNAL D’UNE FEMEN
Les coulisses du mouvement Femen à travers le regard d’Apolline, une jeune femme fatiguée du sexisme quotidien. Des clés pour comprendre le mouvement et l’engagement de ses membres.
Tout le monde a en tête l’image des Femen, ces jeunes femmes manifestant, seins nus et slogans peints sur le corps, contre les religions, les gouvernements et l’industrie du porno qui bafouent les droits des femmes. La justice vient d’ailleurs de relaxer neuf d’entre elles poursuivies pour avoir dégradé une cloche de la cathédrale Notre-Dame à Paris. Mais qui sont ces militantes et qu’implique cet engagement?
« Journal d’une Femen » raconte le parcours d’Apolline, jeune et jolie célibataire qui ne supporte plus la manière dont elle est traitée au quotidien en tant que femme. Que ce soit dans le métro, au boulot, ou au sein même de sa famille… Un soir, elle décide d’envoyer un mail au mouvement féministe né en Ukraine en 2008.
Parce qu’il fallait bien insister sur l’usure de l’héroïne face au sexisme quotidien, l’album démarre par une succession un peu lourdingue de clichés machistes. Heureusement, on est rapidement plongé dans le bain des Femen: séances d’entraînement, premières actions, doutes, conséquences sur la vie des militantes (travail, amis…)… Michel Dufranne, chroniqueur télé et radio, a suivi pendant plus de quatre ans des militantes Femen. Quatre ans pendant lesquels il a amassé observations et témoignages qui lui ont servi à créer le personnage fictif d’Apolline et un parcours militant type. Profitant de discussions de la jeune femme avec ses amis, Duffranne pose la philosophie du mouvement, ses objectifs mais aussi ses contradictions, n’oubliant pas de donner la parole à ses détracteurs. Au lecteur de se faire sa propre opinion. Au fil des 128 pages dessinées par Séverine Lefebvre (« Les aventures de Tom Sawyer ») dans un style moderne, on découvre également que derrière les actions provocatrices des activistes se cachent une minutieuse organisation et une vraie stratégie.
A la lecture de « Journal d’une Femen », on se rend compte que finalement on ne savait pas grand chose de ces militantes. D’où son intérêt. D’ailleurs, raconte Séverine Lefebvre, les Femen « ont vu notre travail, s’y sont reconnues et ont apprécié ».