FEUX – Tome 1. Fille des Reptiles
Première série de la nouvelle collection de Dargaud, « Feux » séduit par sa fluidité et son univers préhistorique peu exploité. Mais déçoit par un scénario qui s’annonce peu innovant.
Ils vivent en tribu dans un monde sauvage, chassent et se font la guerre. Ils parlent, savent parfois écrire et adorent un dieu, L’Eternel. Ce ne sont pas des hommes mais des dinosaures, des sauriens et des reptiles! Soudain s’écrase au milieu d’eux, une capsule contenant un bébé. L’enfant est recueilli et grandit au milieu d’eux. L’adolescente aux cheveux roux s’appelle désormais Feux.
Dargaud annonçait en mars dernier la sortie de l’album, première série de la nouvelle collection Cosmo, un label « à la croisée à la croisée de la tradition franco-belge, du manga et des comics ». Visuellement il est vrai « Feux » est assez surprenant, outre le fait qu’on découvre des dinosaures avec des vêtements sur le dos (!): il y a peu de dialogues, le récit est très fluide, les cases sont grandes et parfois une seule d’entre elles mange une planche entière. De format 29×21,5 cm, l’album a d’ailleurs plutôt le format comic, à mi-chemin entre une BD classique et un manga. Résultat, l’album prend son temps pour installer l’histoire et on plonge facilement dans cette ambiance préhistorique. Seule déception graphiquement, les aplats de couleurs en fond et les dégradés à l’ordinateur ne sont franchement pas terribles.
La surprise vient également des deux auteurs qu’on n’attendait pas forcément dans ce registre: Hardy (« Pierre Tombal ») et Tome, surtout connu pour sa reprise de « Spirou et Fantasio » ou « Soda » avec Warnant, sont surtout identifiés comme des auteurs de séries humoristiques. Ce n’est pas le cas de « Feux » qui n’est visiblement pas destiné à un public enfant.
Reste que « Fille des reptiles » laisse une impression mitigée. L’histoire est pour le moment conventionnelle. On pense à Tarzan de Disney bien sûr, à Nävis dans « Sillage » de Morvan et Buchet, Nao dans « Aquablue », ou bien encore à « Lomm » de Tbc qui se situait également dans un monde étrange peuplé de créatures ailées. Le concept du bébé abandonné pour X raisons par les siens et élevé par des animaux n’est pas nouveau même si en bande dessinée, le saurien et le dinosaure sont des personnages peu exploités. On retrouve également les thèmes habituels à ce genre de récit anthropomorphe: la soif de domination, le pouvoir de la religion, la haine de la différence, etc. Bref rien de transcendant jusque là. On attend donc du deuxième tome que l’histoire prenne un tour un peu plus original, comme le laissait imaginer cette nouvelle collection. On devrait être assez vite fixé, le prochain opus paraîtra en septembre prochain.