EMERALD ET AUTRES RECITS
Western, masochisme familial ou chronique adolescente, les sept histoires de l’auteurs de « L’Habitant de l’infini » étonnent mais laissent parfois perplexes.
Hiroaki Samura n’est pas du genre à se cantonner à un seul genre. Après la saga médiévale de samouraï (« L’Habitant de l’infini »), le diptyque de science-fiction décalé (« Halcyon Lunch ») et le one-shot historique (« Snegurochka »), c’est un western revisité qu’il nous propose pour la première des sept histoires indépendantes parues entre 2004 et 2009 au Japon: une femme propose à un as de la gâchette d’escorter un riche minier qui doit traverser la région. Mais avant, elle veut lui faire passer quelques épreuves pour vérifier qu’il est aussi bon qu’il le dit… Les autres récits, plus courts, parlent de drame familial sur fond de masochisme, de débats sans queue ni tête entre lycéennes, de partie de mah-jong, etc. Des thèmes variés, graves ou burlesques, mais avec une constante: les personnages principaux sont des femmes, et de caractère. Pour cette raison, le recueil est d’ailleurs paru au Japon sous le titre « Sister Generator ».
Outre ce focus sur la gent féminine, l’autre point commun est d’arriver à créer immanquablement la surprise chez le lecteur. La mangaka semble avoir une imagination débridée et on ne s’attend jamais à la chute des récits, ce qui compense globalement le côté déconcertant, voire un brin hermétique de certains d’entre eux malgré les pointes d’humour. Graphiquement, « Emerald » est en tout cas dans la lignée des mangas précédents d’Hiroaki Samura, soigné, au crayonné fin, privilégiant les hachures aux trames et aux aplats.
Dessin et scénario: Hiroaki Samura – Editeur: Casterman, collection Sakka – Prix: 12,95 euros.