VAMPIRES – Tome 1

Un jeune garçon ayant la faculté de se transformer en loup-garou quand il est énervé, se voit embarqué malgré lui dans une affaire de kidnapping. Une comédie fantastique signée d’un maître du manga.

Après « Black Jack » et « Nanairo Inko », « Vampires » est la troisième œuvre d’Osamu Tezuka à paraître chez Asuka. Publiée au Japon entre 1966 et 1969 et donc antérieure aux deux autres, elle est l’occasion de découvrir un Osamu Tezuka dans un style graphique un peu différent: plus fin, plus rond, le trait évoque les dessins animés de l’époque et le jeune héros rappelle inmanquablement son célèbre « Astroboy ».

Point de robot ici, mais des vampires. Ceux de Tezuka s’appellent les « Pleurs nocturnes » et hormis le goût du meurtre et la capacité de se transformer, ils n’ont rien en commun avec les vampires au sens où nous l’entendons. Ce sont des hommes capables de se transformer en animaux dans des circonstances particulières (en voyant un objet rond, en sentant l’odeur du caoutchouc brûlé, etc). Un jour, ils sont obligés de quitter leur village isolé pour se rendre en ville. Le jeune Toppei – qui se transforme en loup-garou quand il est énervé – se fait embaucher aux Studios Mushi, tout en cherchant à se faire le plus discret possible sur sa véritable nature. Jusqu’à ce que Rock, un jeune maître-chanteur de la pire espèce, découvre son secret et décide d’en tirer profit.

A lui seul, le premier tome de « Vampires » fait déjà plus de 300 pages, en format bunkô (le format de poche japonais, plus petit encore que nos livres de poche) autant dire un pavé qui pourrait être lourd à digérer. Ce n’est pas le cas, les nombreux rebondissements permettant de soutenir l’intérêt du lecteur et le côté burlesque de l’histoire rend l’ensemble finalement très digeste même si l’histoire très dense a tendance à partir un peu dans tous les sens.

Burlesque, l’histoire l’est en effet souvent dans ce premier tome, notamment lorsque Tezuka lui même se met en scène, n’hésitant pas à jouer de l’autodérision. Les apparitions furtives de l’auteur dans ses récits sont une habitude, un peu à la manière des films d’Alfred Hitchcock dont on voyait l’espace d’un instant une ombre ou une silhouette. Dans « Vampires » en revanche, bérêt sur la tête et nez patate au milieu de la figure, le mangaka s’est attribué un plus grand rôle: c’est lui qui embauche Toppei chez Mushi Productions à son arrivée en ville et qui découvre par hasard son pouvoir de métamorphose. Mushi Productions (en référence à l’une des passions de l’auteur, « mushi » signifiant « insecte » en japonais) a d’ailleurs véritablement existé puisque fondé en 1962 par Ozamu Tezuka. Tezuka n’est pas le seul personnage récurrent à débarquer ici. Ils n’ont pas forcément la même identité ni la même fonction dans chacun de ses récits mais ils apparaissent sous les mêmes traits. Dans « Vampires », c’est le cas du commissaire Geta (qu’on retrouve dans « Ayako » par exemple) et de Rock, l’archétype du jeune méchant ambitieux mais torturé dans « Metropolis.

« Vampires » n’est sans doute pas la meilleure des oeuvres de Tezuka mais elle ne démérite pas dans une collection consacrée au maître japonais. Deux autres volumes doivent être publiés chez Asuka alors que l’histoire demeure inachevée, le magazine japonais qui la prépubliait à l’époque ayant été suspendu.

Asuka

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