DESSINER ENCORE
Le récit cathartique et poignant d’une survivante: Coco épargnée par l’attentat contre « Charlie Hebdo » en 2015 mais profondément traumatisée.
Le crayon pour thérapie. La dessinatrice Corinne Rey, alias Coco, rescapée de l’attentat du 7 janvier 2015 à Charlie Hebdo, signe un poignant récit sur son traumatisme et sa nécessaire reconstruction. Un album épais et lourd comme le poids de la culpabilité qui la hante, la jeune femme ayant été contrainte d’ouvrir la porte de la rédaction aux assaillants, sous la menace de leurs armes.
A l’instar de plusieurs survivants comme Luz et Philippe Lançon qui ont éprouvé le besoin de coucher sur le papier ce qu’ils ont vécu, Coco raconte donc l’attaque, son désespoir, ses expériences de psychothérapie, les manifestations de soutien dans toute la France, les précédentes attaques contre l’hebdomadaire satirique, mais aussi ses premiers pas au journal, son premier reportage et les moments heureux à la rédaction, entre la gentillesse de Cabu et le professionnalisme de Charb ou Tignous.
La chronologie n’est pas forcément respectée et les moments d’avant et après attentat se mélangent mais de ce « Dessiner encore », on retiendra en particulier cette séquence particulièrement impactante d’un bleu profond autour de la célèbre estampe d’Hokusaï, « La Grande Vague de Kanagawa » qui, mieux que mille mots, parvient à retranscrire les sentiments de Coco.
« Je dois dessiner, dessiner encore », conclut au bout de 352 pages poignantes la dessinatrice – devenue en avril dernier la caricaturiste attitrée de Libération -, représentée flottant sur une mer calme mais dans les profondeurs de laquelle se sont tapis les fantômes des assaillants…
Dessin et scénario: Coco – Editeur: Les Arènes BD – Prix: 28 euros.