DANS L’ANTRE DE LA PÉNITENCE

Depuis des années, des ouvriers travaillent 24h/24 pour agrandir la demeure d’une riche veuve. Folie, possession? Un récit macabre au style hallucinatoire.

1905, San José en Californie. Depuis la mort de son mari et de sa fille, Sarah Winchester – héritière du fameux fabricant d’armes – qui se dit poursuivie par des démons, s’est lancée dans l’édification compulsive d’une gigantesque bâtisse: se relayant jour et nuit, les ouvriers doivent construire encore et encore une énième pièce, un escalier menant au plafond ou une porte qui n’ouvre sur rien…

« Dans l’antre de la pénitence », roman graphique figurant dans la sélection officielle du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême 2018, est une histoire aussi atypique que… vraie! Réputée hantée, la « mystérieuse maison Winchester », sise en Californie, est un monument historique national touristique comptant 160 pièces, dont 40 chambres. Pendant 38 ans non stop, jusqu’à sa mort, la propriétaire aura dépensé l’équivalent aujourd’hui de plus de 57 millions d’euros pour sa rénovation et son agrandissement.

Peter Tomasi, qui a notamment scénarisé des histoires des univers Batman et Green Lantern, s’est basé sur cette folle histoire pour créer un récit fascinant, encore plus sombre et mystique que l’original, entre fantastique et horreur. Construite pour être le repos des morts, cette demeure qui accueille aussi des vivants ayant de nombreux morts sur la conscience semble par ailleurs prendre vie sous l’esthétique torturée de Ian Bertram (« Bowery Boy »). Des personnages aux traits déformés par la peur, la colère ou la folie, des boyaux de sang et des mers sanguinolentes qui ne cessent de s’insinuer entre chaque interstice de bois de la maison… les planches revêtent un aspect des plus macabres qui ne plairont certainement pas à tout le monde mais qui ne laisseront pas insensibles.

Dessinateur: Ian Bertram – Scénariste: Peter J. Tomasi – Editeur: Glénat – Prix: 19,95 euros.

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