COMME TOUT LE MONDE – Tome 1

Avec Jalil, la société de marketing Somadi profite du cobaye idéal, le consommateur qui a systématiquement les mêmes goûts que la majorité. Sauf que Jalil, lui, ne sait pas qu’il est un cobaye… Un récit convaincant et accrocheur, adapté d’un film récent.

Etre Monsieur Tout le Monde, ça a parfois des avantages surtout pour les requins du marketing. Jalil est un parfait spécimen du Français moyen, un jeune homme dont les choix s’orientent immanquablement vers ceux de la masse. Responsable des tests de produits dans une agence de marketing, Claire est donc envoyée auprès de Jalil pour le séduire et lui faire tester au quotidien – et à son insu – des produits.

À l’origine, « Comme tout le monde » est le scénario d’un long-métrage (sorti en France en juin dernier) interprété par Khalid Maadour, Caroline Dhavernas, Gilbert Melki et Chantal Lauby, que les scénaristes Denis Lapière et Pierre-Paul Renders font lire à Dupuis. A la demande de l’éditeur, ils en font alors une adaptation en bande dessinée qu’ils confient à Rudy Spiessert, dessinateur du très bon « Ingmar ». S’attardant davantage à décrire les relations entre les différents personnages, la BD n’est pas une stricte adaptation, c’est une relecture de l’histoire qui commence aussi un peu avant et se terminera un peu plus loin que ne le fait le film.

« Comme tout le monde » ou le récit d’une histoire d’amour basée de A à Z sur le mensonge. La logique des sondages et du marketing est ici poussée très loin et, tel Jim Carrey dans The « Truman Show », le pauvre Jalil est manipulé sur toute la ligne. Petite-amie, copains de palier, tout n’est que toc. Ses moindres faits et gestes – jusqu’au choix de son dentifrice – sont décortiqués par la société qui emploie Claire. Très rapidement, le lecteur devine ce qui se trame et l’on suit avec intérêt le petit jeu de la jeune femme, dont même la couleur de cheveux est fausse. Etonnamment on ne peut s’empêcher de la trouver plutôt sympathique. Peut-être parce que pour la comédienne, le job va se révéler plus difficile que prévu. Il ne s’agit pas encore de remords mais peu à peu elle commence à douter de ses convictions.

Jusqu’à quand cette mauvais farce tiendra-t-elle? Ce premier tome fonctionne très bien et accroche sans problème le lecteur. Mais dans les récits prenant comme ici pour thème la séduction calculée, le piégeur finit généralement par se faire piéger lui même, en tombant amoureux de sa victime. Lapière et Senders nous concocteront-ils un dénouement inattendu ou bien se contenteront-ils du « scénario moyen »?

Dupuis

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